Se posant des questions sur les analogies des invraisemblances, des coïncidences et du hasard de la vie de l’être humain, Magnolia se révèle être un film choral, long de par sa durée (3h), qui va voir le destin de nombreuses personnes se croiser tant dans la joie que dans la tristesse. Tout le film se déroule durant une journée, notamment durant une soirée où tout va basculer pour les uns comme les autres. Cette temporalité nous envoie dans un long métrage filmé presque « en temps réel », ayant l’avantage de nous tenir en haleine d’une façon encore plus saisissante. Magnolia est une œuvre cinématographique difficile à appréhender tant elle foisonne d’idées, tant elle regorge de sentiments foudroyants mais n’en reste pas moins un film exigeant qui ne tombera jamais dans l’émotion superficielle ou factice. Le début du film peut paraître hermétique tant Paul Thomas Anderson reste cloisonné dans une maîtrise ou rien ne dépasse ou tout est calculé au moindre centimètre près tant dans sa réalisation que dans son montage ou dans sa direction d’acteurs. Le montage est fluide et ne laisse aucun temps mort, les acteurs sont nombreux et parlent beaucoup. On commence à connaitre des personnages avec leurs envies opposées (le policier Jim et son envie d’amour, Frank Mackey et son envie de baiser sans sentiments) ou communes (Earl et Jimmy qui sont sur le pont de mourir). Et puis arrive l’interview entre Frank et une journaliste et s’en suit des révélations sur la mère de ce dernier.
Et ça sonne comme un déclic, Paul Thomas Anderson débarrasse son film de cette solennité un peu trop formaliste, rallonge la durée de ses plans pour enfin laisser ouvrir les cicatrices difficilement oubliables qui tapissent l’esprit de chacun de ses personnages. On bascule alors dans une gravité qui nous percute qui nous touche sans que l’on s’en rende compte. Le film tourne autour des paradoxes de la vie entre vie/mort, bien/mal, amour/haine, c’est un cercle magnifiquement bien orchestré mais qui ne reste jamais renfermé autour de lui-même. Magnolia fonctionne sur les oppositions des genres et des personnes (la destinée totalement similaire mais inverse de Frank et Claudia tant sur le plan amoureux que sur le plan familial). C’est avant tout un travail d’écriture et de montage tout simplement époustouflant. Magnolia est une mosaïque sur la vie qui nous joue des tours, un film somme sur notre place dans le monde, sur le passé, qui, qu’on le veuille ou non, aura des répercussions sur nos choix, notre manière de vivre, sur notre futur. Mais c’est à nous de construire notre propre existence.