Le compositeur autrichien Gustav Mahler (Robert Powell) rentre à Vienne des États-Unis après un passage par Paris. Il est malade, mais croit que ce n'est rien. Durant le trajet avec son épouse Alma (Georgina Hale), il se remémore certains moments de sa vie. Il discute également avec son épouse mais leur relation semble tendue. On se rend compte plus tard que l'ancien amant de sa femme est dans le train. Ancien ? Pas sur. Gustav demande à Alma de faire un choix. Mais ce qui a brisé quelque chose entre eux, ce n'est pas seulement cet amant, c'est aussi la musique. Mahler a consacré toute sa vie à sa musique au détriment de sa relation avec sa femme. Plus encore, elle avait aussi une vocation de compositrice qu'il a brimé pour en faire une femme au foyer. Elle ne lui a jamais pardonné. Pourtant elle est là à s'occuper de lui malgré la mauvaise humeur du bonheur autoritaire et tyrannique. Le train va s'arrêter à plusieurs stations. Au premier arrêt, Mahler observe sur le quai un jeune garçon blond en costume de matelot qui ressemble à celui de Mort à Venise et qui en plus tourne autour d'un poteau comme s'il faisait du pole dance, et un homme moustachu assis sur un banc qui l'observe, et qui rappelle Thomas Mann ou plutôt son personnage du compositeur Gustav Von Aschenbach inspiré par Mahler. À un autre arrêt, un journaliste vient interviewer Mahler, puis aux autres arrêts, plus il se rapproche de Vienne, plus il est acclamé par la foule qui célèbre son retour au pays. Durant le trajet son état va empirer, il va sombrer dans un état entre le rêve et le délire et il va penser de plus en plus à la mort. Car plus le train se rapproche de Vienne, plus il se rapproche de sa mort.
Film de Ken Russell avec mises en scène théâtrales, parfois oniriques, parfois symbolistes, presque toujours fantasmagoriques. qui m'ont rappelé le portrait de Wittgenstein (lui aussi viennois) par Derek Jarman, parfois réussies, parfois moins. J'ai bien aimé pour ma part la partie où il cauchemarde ses funérailles. La scène avec Cosima Wagner (Antonia Ellis) en revanche était parfaitement grotesque. La scène avec Hugo Wolf (David Collings) qui se prend pour l'empereur était intéressante. Les scènes de Malher enfant apprenant la musique et fuguant dans la foret étaient bien aussi. Mais dans l'ensemble il y a un certain ennui.
Ce n'est pas la première fois que Russell s'attaque à la biographie d'un compositeur puisqu'il avait déjà réalisé La Symphone pathétique sur Tchaïkovski en 1971 et Prokofiev en 1961. De lui on recommandera Gothic, sur la création littéraire de Frankenstein et surtout Au delà du réel.