...de canard.
Depardieu est vraiment à l'aise en Maigret (il a l'attitude pantouflarde, "bovine" comme disait Simenon, de l'inspecteur, et ce n'est pas à l'acteur de Cyrano que l'on apprendra à déclamer son texte...
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le 20 févr. 2022
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Avec Maigret, Patrice Leconte réalise un film-personnage, un film à l’image du personnage, quoique le personnage n’ait rien d’une image. Il s’agirait plutôt, pour parler comme les Romantiques, d’un paysage-état d’âme, ici urbain, lugubre, sale, pauvre ; reflet dépeuplé d’un homme qui trouve dans une nouvelle enquête l’occasion de synthétiser les précédentes, de revenir à ses origines doubles : celle du père endeuillé, celle de l’inspecteur dont la première enquête concernait une noyée.
La lenteur générale du rythme, qui correspond à celle d’un protagoniste principal tout à la fois massif et vaporeux, ne se dégrade jamais en longueurs pénibles ; au contraire, Leconte rend la pause passionnante et conjure ainsi les tares du polar contemporain obsédé par la violence gratuite, les rebondissements grossiers, le culte de la pose et de la gesticulation. Les personnages demeurent opaques, définis par des zones d’ombre qui les rendent flous et que la caméra est obligée de ressaisir par d’incessants recadrages – occasionnant un léger mais récurrent zoom dans l’image. La jeune femme emportée mute aussitôt en allégorie de cette évanescence partagée : inspecteur comme suspects se changent en spectres telle la robe maculée de sang que l’on apporte en la faisant flotter dans l’air. Elle cristallise également un état de société rongé par la bienséance et les non-dits : « monter à Paris » dans l’espoir de réussir, cacher sa sexualité sous les voiles d’un mariage blanc…
Portrait d’une époque, d’une ville et d’un homme, Maigret s’affirme comme un film-somme remarquablement mis en scène et interprété. Un immanquable de 2022.
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le 20 mars 2022
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