Simenon, Depardieu, Leconte : la rencontre a quelque chose d'une évidence, dans un cinéma d'atmosphère qui n'a plus trop d'accès aux écrans, remplacé par la vitesse et les effets spéciaux. Cela faisait longtemps que Patrice Leconte n'avait plus tourné un bon film et Maigret en est un, avec son ambiance grise d'après-guerre et son intrigue à l'ancienne, dont la résolution compte moins que la tristesse du temps, sous le poids de la perte (de la vie, d'un enfant, des illusions...). Presque expressionniste mais sobre et nuancé, Maigret rend hommage à un personnage familier, ici montré en fin de carrière et d'une lenteur pachydermique, mais fidèle à une humanité blessée et à une compréhension sensible des âmes. Ce qui n'empêche pas Leconte, dans cette enquête au blanc (de la couleur du vin), de glisser quelques clins d’œil amusants (ceci n'est pas un pipe, pour le commissaire privé de tabac). Enfin, Depardieu campe un héros vieillissant, las et mélancolique, ajustant les habits du policier à sa propre (dé)mesure, sans qu'il soit permis de crier à la trahison ou à l'hérésie. C'est son Maigret, pas moins juste que celui de Gabin ou de Cremer, qui aurait sans doute reçu l'absolution de Georges Simenon, lui-même. Usé par la vie, les chagrins et le spectacle de la mort des autres, toujours absurde et violent.

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le 23 févr. 2022

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