A la base, il y a un des meilleurs romans de Georges Simenon. Dans ce livre, il fouille l'âme humaine aussi profondément que Céline, le style imagé en moins.
Les images, c'est Jean Delannoy qui les apporte en adaptant le roman au cinéma avec l'aide de Michel Audiard. Les personnages, très typés, très crus, au paroxysme de leurs défauts et de leurs qualités, sont un vrai régal pour les acteurs qui se surpassent et jouent pour beaucoup l'un de leur meilleur rôle.
Jean Gabin incarne la force tranquille d'un Maigret patelin et matois qui tourne et retourne ses témoins jusqu'à nous faire voir le tréfonds de leur âme. Devant nous, ils se révèlent lâches, sordides, mesquins, stupides, concupiscents, haineux ou immatures.
Seule Annie Girardot qui aime follement un homme qui ne la mérite pas se montrera altruiste jusqu'au sacrifice dans le rôle qui la révèlera au grand public et qui restera comme l'un de ses meilleurs.
Ce film qui ne prétend pas être autre chose qu'un polar, atteint une densité à laquelle des drames beaucoup plus ambitieux ne peuvent prétendre.