Main dans la main par Patrick Braganti
Il faut se rendre à l'évidence : le troisième film de Valérie Donzelli, dont on avait apprécié le premier opus et surtout beaucoup aimé et défendu le deuxième, est un ratage, pire un prétexte à reconsidérer notre jugement antérieur. L'idée de départ était pourtant alléchante : comment transcrire par la forme cinématographique la formule populaire et imagée : être collés l'un à l'autre. Ce qui va arriver donc de manière fort improbable à Hélène Marchal, directrice de l'école de danse de l'Opéra de Paris, et à Joachim Fox, miroitier meusien. Valérie Donzelli ne réussit jamais à trouver le rythme ni les moyens pour rendre cette comédie sentimentale attachante (un comble !), tant soit peu crédible et réjouissante. On s'y ennuie très rapidement car le scénario extrêmement faiblard n'aide pas à nous capter. Le ballet synchrone (enfin il connait pas mal de ruptures) de Hélène et Joachim tombe vite à plat tant les ressources comiques qu'il serait censé illustrer sont épuisées, faute d'idées et de rigueur dans la mise en scène, partant dans tous les sens, empilant l'une après l'autre des séquences décousues au cours desquelles on finit par retrouver les mêmes codes déjà identifiés dans La Guerre est déclarée : la fête alcoolisée et la visite à l'hôpital. Il apparaît clairement que la réalisatrice de La Reine des pommes aime la danse, la chorégraphie et le mouvement mais cela ne suffit pas à étoffer une narration plate et vide. Que cache réellement ce conte sentimental qui, une fois le sortilège rompu, sombre dans la niaiserie et la banalité les plus terrifiantes, dont l'excursion finale à New York - avec, pour le coup, un regard affreusement convenu et touristique - constitue l'épilogue dérisoire, voire lamentable ? Valérie Donzelli déploie et utilise tous les artifices à sa disposition (diverses nuances de grain, musiques chargées de relayer les atmosphères et les émotions) dans un mélange qui finit par ne plus dégager aucune saveur. Tout ceci manque à la fois d'invention, de talent, de folie et de modernité, comme le démontre cette confrontation vieillotte entre parisien et provincial, riche et pauvre, intellectuel et manuel. Mais le pire est de constater que la cinéaste ne fait rien au final de son projet. Escomptons juste qu'il soit un faux pas dans sa carrière. Avec son confrère québecois Xavier Dolan, elle remporte pour cette saison le trophée du troisième film raté. Un rapprochement logique du fait de leurs univers certes personnels, mais aussi très branchés et très 'petits malins' en somme. Ça ne marche pas à tous les coups manifestement.