Valérie, il est peut-être temps de lâcher la main de Jérémie, tu ne crois pas ?
J'avais follement aimé "La Guerre est déclarée" (1), film généreux, sorte de grand cri d'amour à la fois à la vie, au cinéma... et à Jérémie Elkaïm.
Et ce qui avait certainement été un moteur pour Valérie Donzelli semble dorénavant un frein. En effet, la demoiselle fait tout ce qu'elle peut pour tenter de dire à son ancien compagnon qu'elle l'aime, quitte à exclure le spectateur qui se retrouve témoin involontaire d'un problème qui relève probablement plus de la psychanalyse que du cinéma.
Jamais Donzelli ne parvient à faire croire à ce couple mais le souhaite-t-elle vraiment ? Je reste persuadé que si elle avait osé aller au bout de son entreprise et qu'elle s'était donc donnée le rôle qu'elle fait ici endosser à Valérie Lemercier, le résultat aurait été tout autre. Pour réussir un film, le minimum est d'aimer ses personnages, et ici Hélène et Joachim ne sont jamais incarnés, ils restent des idées dans un scénario, qui soit dit en passant se perd très vite en chemin. La jolie idée initiale avait tout pour donner un film fou, mais cette folie reste ici totalement factice, forcée.
Même la mise en scène, si excitante et personnelle dans "La Guerre est déclarée", ne parvient jamais ici à dépasser le stade d'un maladroit hommage à Truffaut. Une seule chose semble intéresser la réalisatrice, que Jérémie Elkaïm (et non Joachim) soit de tous les plans. Ce point me semble crucial pour expliquer l'absence d'une quelconque structure dans le récit. Donzelli agrège comme elle le peut des histoires secondaires mais celles-ci ne l'intéressent pas, et par conséquent n'intéressent pas le spectateur. La sœur, la "copine" malade n'ont aucune raison d'être et ne semblent exister que pour combler le vide du récit.
Constance : "Mais vous savez bien Joachim, quand on s'attache aux gens qui nous aiment, après on leur fait de la peine quand on les quitte."
Joachim : "Hélène ne le sait pas ?"
Constance : "Ah non j'ai ma fierté, je ne veux pas qu'on m'aime pour de mauvaises raisons."
Allons Valérie, mets ta fierté de côté, dis une fois pour toute à ton Jérémy que tu l'aimes encore. Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour nous, spectateurs.
Je ne voudrais pas finir cette critique, dictée par la déception, sans oublier de dire que ici ou là, ce "Main dans la main" montre ce qu'il aurait pu être et qu'il réserve donc deux-trois jolis moments. Et puis il y a Dominique A et Françoiz Breut, et rien que pour ça... http://youtu.be/z2K7q5LKgnU
(1) http://www.senscritique.com/film/La_Guerre_est_declaree/critique/9084161
http://www.senscritique.com/film/Manu/critique/13132057