Critique de Mains armées par Jon Talbain
Ça aurait fait un bon épisode de Julie Lescaut !
Par
le 10 juil. 2012
9 j'aime
Lucas Skali,commandant de police à Marseille et spécialisé dans la lutte contre le trafic d'armes,est sur la trace d'un gang serbe qui a volé des armes à l'OTAN en ex-Yougoslavie et les revend au grand banditisme en France.Pour les besoins de l'enquête,il monte à Paris avec tout son groupe et en profite pour tenter de renouer avec sa fille Maya,qu'il a abandonnée avant la naissance et qui est devenue elle aussi officier de police.Elle travaille aux stups et il se trouve que leurs enquêtes respectives en viennent à se rejoindre.On n'attendait pas vraiment Pierre Jolivet,qui a réalisé et coécrit le film,dans le polar réaliste à la Olivier Marchal,mais il s'en tire plutôt bien.Il faut dire que son coscénariste n'est autre que Simon Michaël qui,comme Marchal,fut flic avant de se reconvertir dans le cinéma et à qui on doit notamment le script des "Ripoux".Du coup,on assiste à une oeuvre de nature quasiment documentaire,à l'ambiance sombre et vériste.Le mauvais côté de la chose,c'est que c'est lent et embrouillé,le bon côté c'est que c'est crédible et prenant.Peu de spectaculaire ici,peu de bastons,peu de gunfights,pas de profiler génial à l'horizon pour tout démêler facilement,pas de policiers aux intuitions magiques,pas d'interrogatoires musclés ou manipulateurs où les suspects s'affalent bêtement,rien que des planques interminables,des recherches informatiques qui durent des semaines,des indics qu'il faut rencontrer secrètement et des filatures aléatoires.Le vrai boulot de la vraie police en somme.D'autre part,il faut pour remonter les filières et les anéantir découvrir les chefs de ces réseaux,ce qui implique de regarder sans intervenir des sous-fifres commettre des crimes et des délits en se contentant de les suivre et de les surveiller.Le malaise du métier de policier est également évoqué avec cette collection de flics borderline comprenant des ripoux,des drogués et des obsédés du résultat prêts à oublier les procédures et à verser dans la violence et l'illégalité.Un tableau très noir mais assez fidèle d'une situation qui dégénère de jour en jour sous la pression d'une criminalité de plus en plus dangereuse et agressive.Au milieu de ce sinistre foutoir il y a les retrouvailles extrêmement compliquées d'un père qui voudrait bien se racheter mais qui ne sait pas s'y prendre et de sa fille blessée qui le rejette par colère tout en quêtant désespérément son amour.Mauvais point du scénario,la très énigmatique fin de l'histoire,qui laisse abruptement les interrogations sans réponses.Maya survit-elle?Meurt-elle?Se réincarne-t-elle en abeille?On n'en saura foutre rien.Charismatique et froid comme une lame,Roschdy Zem est impressionnant dans le rôle de Skali,tandis que Leïla Bekhti est magnifique en fliquette paumée à fleur de peau.Le reste du casting fait dans l'excellence avec un Marc Lavoine puissant en patron des stups bien pourri,une Marilyne Canto émouvante en femme déséquilibrée jamais remise de l'échec de son histoire d'amour ou un Nicolas Marié parfait comme toujours en magistrat avide de résultats.Même les petits rôles sont soignés et l'on voit apparaître Jonathan Cohen,Gérard Meylan,acteur fétiche de Guédiguian,Michaël Vander-Meiren,le monsieur Fifi des pubs EDF,ou de bons acteurs connus pour leurs prestations télévisuelles comme Cyril Gueï,des "Petits meurtres d'Agatha Christie",Bruno Debrandt,de "Caïn" ou Mayel Elhajaoui de "Demain nous appartient".
Créée
le 18 déc. 2020
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