Pour dissiper tout malentendu. Ces filles avaient plus de 18 ans lors du tournage, inutile donc de vous tarauder l'esprit comme moi - si, pendant douze secondes j'étais pas bien. Parenthèse faite, que vaut ce Mais ne nous délivrez pas du mal, titre bien étrange à l'affiche enflammée. C'est l'histoire de deux petites adolescentes d'un monde bourgeois qui décident, en l'absence des parents, de faire des bêtises tout plein. Et ça va faire swinger les culottes, Love Exposure n'a rien inventé...
Derrière cette histoire résolument provocatrice et malsaine des deux jeunes femmes qui s'émancipent pour devenir des femmes, des vraies, enfin plutôt des nanas qui se foutent de tout et qui ont un pouvoir absolu, se cache une volonté réelle (ou inventée par mes soins) de réduire en poussière tous les acquis, toutes les barrières du politiquement correct et du donné pour partir d'un postulat nouveau : comment serait notre vie sans conscience et sans considération ? C'est par le biais de l'amour fusionnel des deux amies, qui volent au-dessus des autres, que nous abordons ce sujet. Leur jeune âge est l'excuse idéale pour marier inconscience et insouciance. Dans une pièce de théâtre aux allures shakespearienne à l'âge de 7 ans et demi, le film se termine sur un feu qui les embrase. Le feu de tous les pêchés, la flamme qui vient mettre fin à cet étalage de violences et de perversions en tout genre. Voilà ce que ça donne quand les parents ne font rien, voilà ce qu'on devient quand on ne reçoit aucune éducation, voilà le feu ardent qui brûle en nous, aujourd'hui au théâtre mais qui sait demain, peut-être, dans la vraie vie et qui brûlera les gens de ce même travelling accusateur qui balaie la salle. Quand elle tue une perruche, il y a la symbolique des enfants déguisés en perruche qui prouve par a + b qu'elle tue son enfance en même temps. La conne.
C'est un film qui regorge de réflexions existentialistes et d'aphorismes cachés sur notre démon intérieur. Elles ne sont que la représentation morbide et décuplée de notre inconscient. Là comme ça, ça à l'air passablement con ce que je vous raconte, mais c'est clairement ce qui en découle. Bon, il y a aussi la petite minette qui fait la pouffe en chaussant une botte. Les cinéphiles diront que c'est une critique de l’hyper-sexualisation de la femme. Les autres diront "si jamais j'avais eu 15 ans". Les Ellefan diront "chouette alors un nouveau fond d'écran de plus".
Que reste-t-il de Mais ne nous délivrez pas du mal, fable fataliste aux contours horrifiques qui nous prouve que les vaches ont toutes les raisons d'être folles. Le film reprend souvent une chansonnette qui rappelle celle de Rosemary's Baby, sorti pas longtemps plus tôt, pour faire frissonner les poils de barbichette. On se retrouve avec une ébauche de quelque chose, un halo de perversion parfaitement calculée, tiré d'une histoire vraie dit-on, pourquoi pas, Inception aussi parce que les toupies ça existe vraiment.
C'est choquant, frustrant, oppressant, redondant, vain, féministe, barbare, inintéressant aussi parfois. C'est un film passionnant et un film à la vacuité furibonde, une larme de sang qui coule sur un visage immaculé : ça aguiche, ça oui. Si ça effrite un peu l'image de la religion ? C'est peu le propos, ce n'est qu'un moyen, un vecteur, un support, l'expiation sublimée des deux amantes diaboliques.
Foncez sur cet ovni.
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(Les films ci-dessus ne ressemblent pas au film dont je viens de faire la critique mais ont le mérite d'aborder des thèmes plus ou moins associés, tous à leur manière et cela me permet aussi par ailleurs de vous faire découvrir d'autres œuvres, ce qui est le propre du site, vous en conviendrez !)