Après avoir été aux premières loges de la guerre en tant que simple renfort, Peckinpah a travaillé pour la télévision et approché le cinéma via un poste d'assistant auprès de Don Siegel. Il se lance dans la réalisation avec New Mexico (1961) et présentera deux autres westerns relativement conventionnels, avant de bouleverser le genre avec sa Horde Sauvage (1969). Major Dundee, son troisième film, se déroule à la fin de la sécession des États confédérés (1861-65). La mission principale est la poursuite d'un chef apache, mais les affrontements internes prennent plus de place à l'écran.
Le face-à-face entre le major (Charlton Heston) et le capitaine Tyreen (Richard Harris) est au cœur de ce film visant très large. Il est rempli de confrontations d'hommes, marquées par la nécessité de retarder la violence pour préserver la cohésion, où on s'attaque sur les symboles, les egos. Les contingences avortent tout ce poison ou le transforme en bagarres détournées, magnifiées, ou remplacées par des luttes communs et des petites occasions personnelles. Cette production Columbia veut en dire beaucoup et souffre d'un défaut d'intensité.
Plusieurs points distinguent Major Dundee d'une séance parfaitement banale pour l'époque, mais d'une façon trop artificielle, comme si un petit supplément se déposait sur une bande lisse, tranquille et éculée. En somme Peckinpah est dépêché pour relever la sauce mais la recette et tous les ingrédients appartiennent aux studios ; il s'agit peut-être de l'encanailler gentiment pour tromper son déclin. Il y a donc ici une violence physique limitée et quelques signaux forts, notamment des cadavres (de pendus déjà similaires aux zombies). Mais pas le focus un peu 'poisseux' présent au milieu des Coups de feu dans la Sierra, dû à davantage de recul ici (et un minimum de psychologie ou d'enjeux internes). Major Dundee en perd les cotés 'mielleux' mais aussi la capacité à générer le dégoût et l'horreur auxquels les 'bons sentiments' répondaient.
Malgré les fêlures au niveau moral, l'instinct restait. Or ce langage est simulé au mieux par Major Dundee, produit peu viscéral bien qu'il semble statuer à ce niveau. L'atmosphère d'agressivité constante est endormie et cassée par les séquences à fanfare. La lame de fond est cynique mais ajustée à des ambitions de stylistes clinquants et proprets. L'idylle avec Teresa/Santa Berger apporte une touche glamour puissante et justifie une sortie audacieuse au lac ; cette relation vaut comme point culminant des gratifications 'sexy' du film, sinon elle est trop creuse, niaise sans être tendre. [Dans son contexte] Major Dundee est bien rude, mais c'est encore un film d'aventure gesticulant pour imiter la fureur. Rapporté à Peckinpah c'est une œuvre timide et assez 'officielle', polluée par de multiples effets pour accompagner l'émotion, au lieu de la nourrir. Quelques originalités surnagent, comme le générique en papier et la transition ouverte par la brûlure.
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