Major Dundee aurait pu être un des plus grands films de Peckinpah, mais malheureusement il n'a pas eu le final cut, le film fut charcuté par les producteurs plus avides d'argent, en procédant à des coupes honteuses et un remaniement général des plans. Malgré ça, Peckinpah était bien derrière la caméra, et si le film dénaturé accuse quelques baisses de rythme, un manque de fluidité dans la narration et quelques faiblesses, il porte la marque de son auteur, avec ses moments grandioses et la façon de bousculer les conventions, notamment dans cet officier incarné par Charlton Heston, plus proche de l'anti-héros dur, intraitable, assoiffé de gloire, avec pour seule sensation d'exister, celle de l'action guerrière.
Dans cette mission qu'il s'est assigné (poursuivre un chef indien pillard), avec l'aide de rebuts de l'armée sudiste, Dundee mène un peu sa propre guerre, puisque celle avec le Sud est à l'agonie. Etonnant dans ce rôle, Heston qui avait accepté un cachet dérisoire pour que le film puisse se faire, livre probablement un de ses rôles les plus complexes et les plus antipathiques, lui qui était plutôt habitué à camper des héros purs au profil de médaille.
A cet aspect de personnage atypique dans le western, Peckinpah y ajoute un autre aussi passionnant en plaçant la haine comme moteur du récit. En effet, cette haine entre 2 anciens amis devenus soldats dans des camps opposés, va nourrir une bonne partie de l'intrigue, les rapports entre l'officier conquérant (Heston) et l'officier sudiste déchu (excellent Richard Harris) sont très tendus, chacun campe sur ses positions mais ils ont besoin l'un de l'autre. L'un pour mener à bien la mission, l'autre pour tenter de retrouver un semblant de dignité perdue.
On peut donc comprendre que ce détournement du genre et cette psychologie chargée aient pu effrayer les producteurs et qu'ils ont refusé à Peckinpah toute latitude sur le montage final.
Ceci dit, le film reste quand même un grand western, dont l'audace de la mise en scène se déploie dans des batailles fulgurantes à la violence omniprésente qui déjà annonce celle cataclysmique de la Horde sauvage.