Je suis partagé sur ce film : si je loue l’intention et l’idée originale du scénario, je trouve que la concrétisation du projet est maladroite et manque de finesse. La réalisatrice a dû se dire qu’il fallait peut-être choquer les spectateurs visés, les hommes, pour leur permettre de saisir la situation et peut-être, ainsi, leur permettre de modifier leurs comportements. Mais sur ces sujets, la caricature est-elle la mieux à même d’atteindre un tel objectif ?
Il y a pourtant beaucoup de vrai dans ce qui nous est montré, comme les remarques qui peuvent paraître anodines sur le physique ou les vêtements, mais l’accumulation et les excès de la caricature nuisent à la crédibilité de l’ensemble. Il y a trop de passages caricaturaux, ils sont volontaires, mais je les trouve excessifs, comme les personnages de la mendiante, la pisseuse, les agresseuses, la « fliquette ».
Le viol est de trop, non pas que ça n’existe pas où que je veuille limiter la gravité des faits, certainement pas, mais le film aurait mérité de ne pas tout mélanger, les agressions et le harcèlement quotidien. L’origine des comportements masculins est la même, mais les actes ne sont pas de même nature, je trouve dommage de mêler tout ça, le film aurait mérité de se concentrer sur ce qui est le moins connu, les petits gestes quotidiens, les petites phrases, tout ce qui ramène les femmes à leur infériorité ou à leur corps, etc.
Le passage sur l’homme voilé est aussi de trop, au-delà d’être extrêmement caricatural sur la question du foulard. Sur le sujet, je vous conseille un très bon court métrage, « Où je mets ma pudeur » de Sébastien Bailly.
Le film date de 2010. Depuis 2017, les choses ont changé avec l’affaire Weinstein et les mouvements comme Balance ton porc, la sensibilisation à toutes ces thématiques est réelle, nous sommes tous mieux informés du quotidien des femmes et plus à même, hommes et femmes, à nous rendre compte de ce qui est acceptable et de ce qui ne l’est pas. Ce film de 2010 avait le mérite, malgré ses maladresses, d’aborder la question. Il est désormais dépassé, même si le fait d’aborder ces questions ne les résout en rien…
Bref, Majorité opprimée, volontairement caricatural, est sympathique, fondé sur de bonnes idées, comme monter des femmes courant torses nus, il est amusant mais aujourd’hui daté et à mon avis inefficace. Un film sans nuance qui ne convaincra que les convaincus. Dommage.