On se pose des tas de questions en regardant Makala. Déjà, sur son essence de documentaire puisque, visiblement, tout était scénarisé et a été joué ou rejoué. Mais on en accepte le principe parce que tout sonne vrai et réaliste. Kabwita abat un arbre, en fait du charbon de bois, charge un vélo d'un nombre incalculable de sacs du précieux matériaux et chemine pendant 50 kilomètres, frôlé par les camions sur une route de latérite, avant de vendre son charbon aux habitants de la ville. Le réalisateur, Emmanuel Gras, n'a pas voulu de voix off ou de commentaires. Le montage dynamise un sujet et une mise en scène plutôt austères et contemplatifs malgré la beauté de certaines images. De la pudeur, oui, sur la condition de ce Sisyphe moderne mais aussi une certaine vision de l'Afrique, comme abonnée à la pauvreté et à l'exploitation. Il y aurait beaucoup de choses à dire d'autre sur le continent noir et on aimerait que ce soient justement des réalisateurs africains qui puissent l'exprimer. C'est une autre histoire ? Peut-être, mais aussi celle-là qui vient à l'esprit en regardant Kabwita s'échiner à pousser son vélo chargé de sacs de charbon, comme un mineur de fond derrière son wagonnet.