Avec Making Off, on s’engage dans une petite zedderie tournée entre potes qui s’éclatent à réaliser un faux making of où un réalisateur tyrannique se braque tous les acteurs amateurs de son entourage pour tourner le film d’horreur parfait. Tirant à fond sur l’humour nanar, le résultat a le mérite d’être de plus en plus attachant au fur et à mesure qu’il se développe, même si on ne nage vraiment pas dans la finesse.
Making off est une œuvre assez orientée, puisqu’elle parlera surtout aux fans de cinéma amateur et aux réalisateurs amateurs (tels que votre chroniqueur vorace). Le réalisateur, Cedric Dupuis, voltige carrément sans filet puisqu’il n’hésite pas à utiliser son vrai nom pour son personnage : un réalisateur fan de genre tyrannique, susceptible, jaloux, con, et surtout incapable d’avoir des relations sociales pacifiques avec ceux qui l’entourent. Impossible de s’identifier au personnage de par son quotidien. Toutefois, il cerne des choses assez vraies dans le cinéma amateur : l’incompétence des amis qui n’ont rien d’acteurs, et qui se révèlent incapables de donner le juste ton au script du réalisateur. Ainsi, en filmant les performances odieuses des potes du réal qui jouent tous comme des pieds, le film parvient à nous faire ressentir la frustration du réal qui voit ses ambitions broyées par la maigreur de ses moyens. Certes, il s’y prend comme un manche en engueulant ses acteurs plutôt qu’en riant avec eux, mais son projet est clairement en train de tomber à l’eau. Cette partie dure hélas trop longtemps, la redondance des situations frustrantes finissant par lasser un peu le spectateur. Mais le premier meurtre au marteau, brutal autant que non sensique (excellent maquillage pour la main, mais le viol du cadavre arrive comme un cheveu sur la soupe) relance un peu l’intérêt, et à partir de là, le concept du film commence à se mettre en route. Tout devient alors prétexte à un humour de mauvais goût, le réalisateur se mettant à massacrer son casting pour des tas de raisons diverses (ah, une actrice ne veut pas faire la scène de bain nue ? Paf !) et à s’amuser avec leur cadavre dans une totale absence de moralité (notre réal violant toujours les cadavres après ses forfaits). Pour peu qu’on arrive à passer la barrière d’ultra-violence du film, Cédric Dupuis n’hésite pas à faire fi de toute estime pour lui-même en ridiculisant son personnage, dans une scène piquée à Green elephant où il mange des excréments directement à la sortie d’un intestin. Totalement gratuitement, essentiellement à des fins humoristiques. Cet humour trash devient alors fréquent, et relativement amusant pour peu qu’on se prête au jeu de l’absence de morale. Si Cedric Dupuis semble visiblement très inspiré par Orange Mécanique (la bande son est truffée de musiques classiques, pratiques aussi pour la liberté des droits musicaux ^^), il semble y avoir aussi une bonne part de l’ultra violence du American Psycho de Brett Eston Ellis. Avec justement cet humour monstrueux tournant le personnage en ridicule dans ses délires sexuels morbides. Si le final est en deça avec l’interview du réalisateur qui commence à essayer de raisonner sur la violence du film (il n’y a pas à se justifier, au contraire, c’est tellement gratuit et amoral que ça en devient justement drôle), ce Making Off est une petite série Z attachante, bricolée avec les moyens du bord, assez originale pour mériter un visionnage, malgré un floutage omni-présent assez agaçant.