Désir d'amour

C'est un des paradoxes du cinéma mais cela arrive finalement assez souvent (plus que l'inverse en tous cas) : une performance d'acteur (rice) est inoubliable alors que le film qu'il (elle) interprète est pour le moins inabouti ou imparfait. Tel est le cas de Mal de pierres, adapté du roman éponyme de Milena Agus; réalisé par Nicole Garcia et dans lequel Marion Cotillard est littéralement sublime, habitée par le rôle, charnelle et émouvante, perdue et combative. Il y a eu beaucoup de "Cotillard bashing" ces dernières années, cela ne s'arrêtera sans doute pas de sitôt, hélas, mais c'est une réponse talentueuse de MC, en attendant ses deux films américains de fin d'année. Pour en revenir à Mal de pierres, le film manque avant tout d'un socle solide, le personnage de Gabrielle est flou dès le démarrage, entre folie pure et volonté d'émancipation dans la France rurale des années 50. La mise en scène de Nicole Garcia n'est pas assurée dans un monde agricole qu'elle brosse à grands traits. Quant au "twist" final, s'il apporte une touche de fantastique, il n'est pas des plus heureux et s'accorde mal avec la maîtrise cadenassée qui est la marque de la réalisatrice et qui ne rend pas grâce à un scénario qui n'a de cesse de vouloir fuir le réalisme. Il y a de très belles séquences cependant dans le film mais elles sont entièrement dues au jeu viscéral et sensuel d'une actrice qui fait sienne cette héroïne, toute entière dévolue au désir d'amour, jusqu'à l'aveuglement et au dérèglement des sens.