Voilà un film qui, à mes yeux, peut être considéré sous deux angles distincts que j'aurais, personnellement, un peu de mal à rapprocher. Le premier de ces deux angles est le côté esthétique : photographie léchée et plans recherchés. Le tout dans un unique décor : un hôtel, un peu vieillot, qui dispose d'une immense piscine. Bon, l'esthétique, ça reste une affaire de goûts et je dois reconnaitre que pour ce qui de ce film, je l'ai trouvée incroyablement prétentieuse. Ce n'est évidemment pas l'avis du réalisateur, qui du coup s'est pas mal attardé sur cet aspect des choses, avec comme effet secondaire le ralentissement de la cadence des dialogues, cela expliquant que le film dure longtemps et m'ait paru par moments ennuyeux.
Pour autant, je n'ai pas trouvé que tout soit à jeter, car l'intrigue, psychologique, est de mon point de vue plutôt intéressante. Le thème abordé est celui des relations mère-fille en particulier lorsqu'elles sont difficiles. Le jeu des actrices - en dépit des lenteurs déjà évoquée ci-dessus - est porte bien le sujet et nous dévoile peu à peu des relations qui, derrière l'apparente normalité de la structure familiale, sont totalement parties en live. Tout ça construit avec suffisamment de finesse pour que le spectateur puisse se positionner différemment selon son point de vue ou ses propres expériences. Ainsi, pour ma part, j'ai trouvé la grand-mère absolument ignoble au sens où j'ai compris qu'elle avait peu à peu froidement détruit sa fille Peidade et qu'elle espérait en faire de même avec sa petite fille (qui toutefois arrive à y mettre, à un moment clé du film, le holà). Mais une amie, qui a également visionné le film, a considéré que l'élément toxique numéro 1 de la famille, c'était Piedade et que la grand-mère faisait tout ce qu'elle pouvait pour arranger les choses. Même si on ne peut pas dire que Piedade aille franchement bien, il en ressort que cette ambiguïté est l'une des forces du film, qui illustre bien la complexité des relations humaines et familiales. De même qu'il illustre bien, d'ailleurs, la place des femmes (et la difficulté de l'être) dans une société patriarcale.
Pour terminer, j'ajouterai que ce film possède un film miroir (Viver Mal : je ne sais pas s'il est déjà sorti en salle), qui met en scène la même tranche de vie, mais cette fois du point de vue des clients de l'hôtel et non pas du point de vue de son personnel. Probablement un nouveau geste formel de la part du réalisateur ; si le parti pris esthétique est identique, ça risque d'être longuet. Mais si la dimension psychologique est aussi fouillée que dans Mal Viver, ça pourrait être intéressant...