Quel est le point commun entre Luc Besson, Robert De Niro et Michelle Pfeiffer ? Tous, (après avoir connu de fort succès dans le passé) cherchent aujourd’hui à faire leur grand retour, que ce soit devant ou derrière la caméra. Avec sa co-production internationale « Malavita » (intitulée « The Family » aux USA) inspirée du livre du même nom écrit par Tonino Benacquista, Luc Besson aspire à un grand come-back en offrant à De Niro et Pfeiffer des rôles qu’ils maîtrisent déjà sur fond de comédie noire.

Déjà à l’affiche des cinémas américains depuis le 13 septembre dernier, Malavita peine cependant à convaincre le public américain et à s’imposer au box-office et ce malgré un bon démarrage atteignant les 15 millions de dollars de recette lors du premier week-end d’exploitation. Des mauvais résultats appuyés par de très mauvaises critiques de la presse américaine voyant dans Malavita un retour raté pour Luc Besson et son duo d’illustres stars. Mais pourquoi une critique si sévère ? Sur le papier, Malavita dispose en effet de tout ce qu’il faut pour être un succès : Un casting de premier choix et une histoire propice à la comédie, celle d’une famille de la mafia de Brooklin contrainte à se protéger du cartel qu’elle a dénoncé en se cachant au fin fond de la Normandie via le programme de protection des témoins. Avec De Niro et Pfeiffer en chefs d’une famille contrainte à déménager sans arrêt puisque incapable de ne pas tout exploser sur son passage, le potentiel comique était bien présent et pourtant … Malgré de nombreuses bonnes idées, le film souffre d’un scénario écrit sur le coude qui va rapidement fatiguer le spectateur en partant dans tous les sens.

Family First

Malavita n’est pas un film traditionnel sur la mafia et les gangsters plein de meurtres et de trahisons mais un film centré avant tout sur la famille a insisté Luc Besson lors de la conférence de presse. Effectivement, bien que le film démarre sur une scène très violente c’est bien à la famille Manzoni et leur tentative d’adaptation du Brooklin américain à la Normandie française que s’attache l’histoire. Seulement voilà, s’il est plutôt drôle de voir Robert De Niro faire disparaître un plombier qui a tenté de l’escroquer ou Pfeiffer faire exploser une épicerie dont le gérant n’a pas su lui indiquer où se trouve le beurre de cacahuète, le scénario du film tourne rapidement à la caricature et au grand n’importe quoi. Ainsi, la première heure s’attarde à dépeindre les différences entre américains (grossiers, amateurs de fast-foods) et français de province (rustres, chauvins et pas très beaux). Tout le monde en prend pour son grade comme voulu par Luc Besson. On remarquera que dans le monde imaginaire de Besson, les français sont tous bilingues et ce depuis le lycée puisque tous les personnages parlent un anglais presque parfait (du voisin ancien combattant à la petite brute de l’école).

Contraints à devoir se fondre dans la masse, le père (Robert De Niro) s’invente une profession d’écrivain et se met à l’écriture de ses mémoires (pas une très bonne idée pour quelqu’un bénéficiant du programme de protection des témoins) tandis que Warren (John D’Leo), en digne fils de son père, décide de prendre le contrôle de son école (trafic de cigarettes et d’alcool, réponses aux examens etc.) après qu’une petite brute lui ai réservé un mauvais accueil. Comble du scénario en mousse, Belle Blake, la fille de 17 ans (jouée par une Dianna Agron (Glee) de 27 ans) qui prône chasteté et abstinence avant le mariage en début de film avant de finalement passer le reste de l’histoire à vouloir séduire un jeune apprenti professeur et l’épouser …

Une heure plus tard et une fois le sac à cliché sur les français et la province épuisé, le film n’a plus grand-chose à raconter et se doit donc de relancer l’action en y apportant un peu de danger. Ainsi par la magie de l’écriture, une copie de la gazette du journal de l’école atterrit (comme par hasard) dans la cellule du chef de famille emprisonné par la faute de Fred Blake située aux Etats-Unis et des tueurs sont envoyés en Normandie pour une mission de nettoyage. Bref, vous l’aurez compris le très léger scénario du film n’est qu’un prétexte pour que Luc Besson puisse réunir rassembler à l’écran les monstres de cinéma que sont De Niro, Pfeiffer ou encore Tommy Lee Jones et placer de multiples clins d’œils à leur filmographie (Exemple : Blake est invité à présenter le film Les Affranchis de Martin Scorsese (également producteur exécutif sur le film) lors d’une soirée cinéma).

Sympa mais sans plus

Tout n’est pas à jeter loin de là car oui, le jeu de De Niro et de Pfeiffer est irréprochable et la complicité entre les deux acteurs rend très attendrissants les moments du film s’attardant sur la vie du couple. Le personnage de Belle est totalement dénué d’intérêt puisque uniquement concentré sur une amourette vide de sens tandis que la prise de pouvoir du fils (pourtant très bien interprété par le jeune John D’Leo) sur son école, bien qu’amusante traduit à la perfection la faiblesse de ce scénario complètement tiré par les cheveux de part la nature risible et improbable des péripéties. Tommy Lee Jones qui interprète l’officier Robert Stansfield, chargé de la protection de Blake et sa famille donne l’impression d’avoir mieux à faire que de donner la réplique à De Niro tant chacune de ses brèves apparitions semble réalisée sous la contrainte.

En Bref

Si Malavita n’est pas dénué de moments comiques et parvient à délivrer la traditionnelle morale (si précieuse au public américain) sur la famille unie, le film ne restera probablement pas en tête de la filmographie de ses acteurs principaux. Luc Besson, revenu ici au genre de la comédie dans le but de conquérir le box-office américain qui en est très friand aurait peut-être dû prendre le temps de disposer d’un scénario plus solide plutôt que d’utiliser le premier livre prétexte à réunir à l’écran De Niro et Michelle Pfeiffer. L’essentiel des entrées se fera comme d’habitude sur les noms de ceux deux géants du cinéma avant de s’épuiser suite à un bouche à oreille mitigé imputé à un scénario malheureusement pas à la hauteur de ses comédiens.
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le 21 oct. 2013

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