Décédant subitement durant le tournage, Anthony Mann n'aura pas le temps de terminer Maldonne pour un espion, et c'est le comédien principal, Laurence Harvey, qui sera chargé de prendre la suite de l'immense réalisateur.
Il propose ici une œuvre intéressante et intrigante autour de la guerre froide et d'un espion qui va vite se retrouver coincé et devoir retarder ses envies de retraite. Le scénario est complexe mais tout de même lisible et surtout, Mann va s'intéresser à l'atmosphère inquiétante qu'il met en scène et s'accentuer plus on avance dans le récit. Si les seconds rôles (surtout ceux féminins) ne sont pas des plus intéressants, ce n'est pas le cas du protagoniste, que la caméra va très peu lâcher et qui va devoir faire face à divers dilemmes.
Un côté désespéré traverse aussi l'œuvre, notamment sur le monde de l'espionnage et toutes les manipulations qu'il implique. Maldonne pour un Espion est aussi assez cruel, voire violent plus on avance dans le récit, ce qui passe principalement par l'enquête du protagoniste, ce qu'il va découvrir et subir. Pourtant, le scénario finit par être un peu maladroit, notamment dans sa dernière partie et la succession de rebondissements, et on se dit que le suspense aurait pu être mieux exploité.
Là où le film est réussi, c'est dans sa façon de capter son époque, tant dans les mentalités que les décors, que ce soit à Berlin ou dans le Londres des sixties, avec en prime la jolie musique de Quincy Jones, donnant ainsi quelques séquences plutôt mémorables. Devant la caméra, Laurence Harvey se montre à la hauteur de son rôle complexe, sachant créer l’empathie pour son personnage alors qu'il est plutôt bien entouré, à l'image de Tom Courtenay ou encore Harry Andrews.
Chant du cygne d'Anthony Mann, Maldonne pour un Espion se révèle être un bon film d'espionnage à défaut d'être une grande œuvre, avec de superbes décors naturels ainsi qu'une atmosphère inquiétante qui traverse le récit, alors que Laurence Harvey se montre très bon devant la caméra.