Pendant presque toute la projection, le masqué s'est dit que pour lui, Malignant méritait un bon 8 sur le site.
Car James Wan lui avait apporté tout ce qu'il était venu chercher. Et plus encore. Le réalisateur, en effet, sort de sa zone de confort et semble avoir construit son dernier effort en opposition à ses sagas Conjuring ou encore Insidious. Finis donc les maisons hantées et autres gamins possédés aujourd'hui. Et s'il est toujours question d'épouvante, Malignant se double d'une ambiance thriller auquel on ne s'attendait pas, tout en convoquant à l'occasion le body horror, le giallo ou encore Brian De Palma.
Il y a aura aussi au menu une thématique proche du récent Invisible Man, qui traitait de la condition de victime et de toxicité de la masculinité.
Que du bon à l'écran donc. D'autant plus que Wan semble s'amuser comme un petit fou en gorgeant son effort de visions superbement orchestrées et immersives, qui font que l'on a qu'une seule envie : suivre la toujours jolie Annabelle Wallis jusqu'au bout de son aventure qui balance longtemps entre horreur pure et folie furieuse.
La série X-Files pourra même apparaître à l'image et dans les souvenirs de certains fantasticophiles au regard de la nature du twist, tandis que James Wan se montre généreux dans la viande et les scènes de violence qui font bien mal, sous une caméra alerte qui pourra se montrer à l'occasion virtuose.
Mais si Malignant a diablement tenu le masqué en haleine, il faudra reconnaître tout d'abord qu'il tient sur un équilibre fragile et souvent instable, dont certains ressorts seront à coup sûr qualifiés de ridicules par les pisse-aigres habituels. Mais Wan croit tellement à son dispositif que le masqué, con comme il est, a mordu à l'hameçon de la tension et de la nature profonde de son héroïne.
Non, ce qui a le plus dérangé Behind, c'est de regretter une fin pour le moins expédiée et qui revient sur la méchanceté et la violence déployées jusque-là dans une astuce scénaristique qui se tient, mais un peu courte au regard des enjeux décrits. De sorte que Wan semble renoncer à aller jusqu'au bout de la noirceur de son film, nous privant d'un geste aussi désespéré que symbolique, tout aussi sans retour que rempli d'amour.
Tout cela pour forcer un happy end et ne pas couper l'herbe sous le pied d'une suite en cas de succès... De quoi rager, je l'avoue. Mais il reste une bonne impression : celle d'avoir vu un film fidèle à l'esprit de James Wan, intéressant par ses multiples facettes et fascinant par ses fragilités ou encore les partis-pris casse-gueules adoptés.
Une attitude kamikaze qui divisera, à n'en pas douter.
Behind_the_Mask, qui n'est pas tout seul dans sa tête.