Un bon thriller, amoral à souhait et transcendé par un putain d'acteur.
Tremblez Michael Myers, tremblez Jason Voorhees, le nouveau Boogeyman nous arrive d'Espagne et il ne reculera devant rien pour arriver à ses fins.
Nouveau film de Balaguero après les Rec tournés avec Paco Plaza, Mientras Duermes est un excellent petit thriller parfaitement exécuté, qui marque un tour de force moral en s'attachant, pour une fois, au méchant de l'histoire.
Le film frappe par son apparente simplicité, sa mise en scène sobre loin des précédents Balaguero, que ce soit les débordements graphiques des Rec, la photo agressive et contrastée de La secte Sans Nom ou le graphisme gothique de Darkness et Fragile. Ici place à un récit de la vie de tous les jours, de personnages du quotidien.
Le choc n'en est que plus grand lorsque, ancré dans cet environnement réaliste, on voit se déployer un personnage principal véritablement mauvais.
Car derrière la forme parfaitement exécuté, très propre, de Mientras Duermes se cache une histoire réellement perverse. Le malaise existentiel est bien là, tout comme une morale bien dégueulasse.
En livrant le point de vue du méchant comme ancrage au spectateur, et non celui de la belle, en creusant la psychologie de son personnage, le vide qui le ronge et son incapacité à être heureux, Mientras Duermes apporte un souffle nouveau au genre.
En plus de cette ambition morale, s'ajoute une narration solide.
Le concierge est méthodique et a une routine très précise. Le récit et la mise en scène colle à sa personnalité et procède à des répétitions, des séquences qui se déroulent d'une manière et dans un enchaînement bien définis. Une mécanique bien huilée qui permet à Balaguero de beaucoup demander au spectateur en testant son intelligence, sa capacité à réfléchir, à déduire les non-dits.
Car dans ce jeu de cartes insidieusement pervers, quelques blancs, des ellipses subtiles, sont là comme des invitations pour que le spectateur devine ce qui se passe, les agissements du concierge, ses habitudes, ses méthodes (à ce titre, le début est vraiment excellent).
Parfaitement maîtrisée, la narration du film le fait se démarquer du tout-venant. Ici, pas de bouts de gras et pas de concessions. La classe espagnole a encore frappé.
En somme, Mientras Duermes est bien un bon petit thriller maîtrisé, qui frappe par son tour de force moral.
Balaguero livre son film le plus léché et le plus déstabilisant. Il frappe juste et touche à une peur collective, l'intrusion dans notre intimité.
L'ambivalence du personnage principal est totale. L'interprétation du charismatique Luis Tosar y joue pour beaucoup, grâce à lui le concierge est terrifiant mais néanmoins humain, émouvant mais néanmoins maléfique.
Le monstre qui se cache en-dessous du lit n'avait jamais été aussi charismatique et nuancée, un grand merci Balaguero de donner avec Mientras Duermes un nouveau visage à nos peurs.
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