Pour commencer, si vous n'avez pas lu le synopsis, ne le faites pas. Il en dit déjà trop. Laissez-vous le plaisir de découvrir César, ce gardien d'immeuble dont à peu près tout le monde se fout. A partir de là, je ne vais pas vous en dire plus sur le contenu du film pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte.
Nous sommes ici devant de l'excellent cinéma d'épouvante-horreur espagnol. Mientras duermes est à mille lieux de la bande de jeunes branchés qui se perd en forêt et qu'on nous ressert à toutes les sauces. Le contexte dans lequel nous sommes projetés ici dans un quotidien tout ce qu'il y a de plus monotone et sans intérêt. Nous sommes bel et bien ancrés dans la réalité.
On retrouve les recettes de Jaume Balaguero (Para entrar a vivir, REC, Darkness) qui sont efficaces si on apprécie le style et que l'on sait à quoi s'attendre. Le lieu dans lequel se déroule le film est toujours fixe et réduit, ici l'immeuble. Nous n'avons aucune difficulté à situer l'endroit où nous nous trouvons. Le lieu en devient presque familier et nous pouvons nous focaliser sur les personnages qui paraissent tous terriblement ordinaires.
Autre recette de Jaume Balaguero qui explique certains avis négatifs, la mise en place du dénouement horrifique est lente. Le réalisateur laisse le temps au spectateur de prendre ses marques, se familiariser avec le contexte dans lequel il se trouve. C'est tellement bien dosé que cela provoque presque un ennui devant la banalité des interactions. Nous baisserions notre garde si il n'y avait pas ces petits détails malsains qui nous maintiennent méfiant et en éveil. Cela progresse par petites touches avant de prendre une certaine ampleur. Tout est fait dans la juste mesure.
Absences de détails que certains apprécierons (et qui manqueront à d'autres) :
- Pas d'intervenants mystiques ou de force surnaturelle.
- Pas de sursauts inutiles et injustifiés.
- Pas de tueur en série.
- Pas de blonde qui s'échappe en criant.
- Pas de poursuite interminable.
- Pas de caméra qui gigote dans tous les sens dans l'obscurité.
- Pas de couteau qui glisse à trois centimètres des doigts pendant une lutte acharnée.
- Pas de violence à outrance, pas de gore à maculer toute la ville de sang.
- Pas de comportements inexpliqués et laissés à la libre interprétation du spectateur.
A partir de là, vous devriez savoir si vous avez envie de le voir. Et si c'est le cas, je vous souhaite une bonne séance.