Voir les deux films à peu de temps d'intervalles est assez cruel pour le second.
La mauvaise idée originelle, à mon avis, a été de vouloir à tout prix y mettre en images les amours passés de la mère ; ceux-ci étaient savoureux à peine esquissés en quelques mots et quelques photos jaunies dans le premier, ils sont ici revisités, détaillés, esthétisés et ce dans le plus pur goût contemporain. D'abord, ça n'a aucun intérêt d'intrigue, puisqu'on sait déjà tout, et un faible intérêt cinématographique, parce qu'à part deux ou trois clins d’œil le film ne s'attache à aucun moment à décrire la philosophie des années 1970. Ensuite, malgré les efforts des acteurs et actrices, plutôt bons, qui rejouent ces souvenirs, cela nous prive pendant les trois quarts du film des deux trios réjouissants qui portaient le premier film, les trois vieilles copines et les trois vieux amants.
Enfin, ce besoin de filmer en HD ce qu'on nous avait laissé imaginer est représentatif du premier degré navrant de ce deuxième opus. Dans le premier film, la mère, courant partout, rêvait sur "Money" d'un palace parfait avec pour elles de beaux et jeunes masseurs ; qu'à cela ne tienne, dans le second film ils sont bien réels au sous-sol d'un hôtel idyllique remplis d'employés pimpants. Tout est du même ordre et le second film perd ce que le premier avait d'intéressant ; le récit de la vie heureuse mais imparfaite construite par une femme issue des seventies, indépendante et idéaliste. Ici pas grand chose qui ressemble à la vie des gens. Le deuil aurait pu être un enjeu, mais il n'est jamais vraiment traité.
Dernier point, même si on ne demande pas à ce genre de films d'être des modèles esthétiques, la direction artistique visiblement inspirée des pires sitcoms est calamiteuse. L'image n'a aucune matière, les couleurs sont irréelles, surlignées, surexposées, on ne croit plus du tout à l'île et à la villa. Si on y ajoute les "autochtones" en costumes, nombres de plans du film ressemblent à s'y méprendre à des pubs pour de la mozzarella ou de la feta.
A l'actif du second film, le plaisir d'entendre les musiques fonctionne toujours et les acteurs, notamment la triplette des amants et les deux copines, sont toujours excellents ; mais comme cela marchait encore mieux dans le premier, on voit mal l'intérêt artistique du second.