Zack Snyder et moi avons une relation d'amour-haine assez banale. L'ayant découvert via l'honnête et prenant Watchmen, mon désarroi fut terrible en visionnant par la suite l'improbable Sucker Punch et surtout l'horreur visuelle que constitue 300. Je me suis donc bien gardé de me rendre dans une salle obscure pour m'infliger ce Man of Steel.
Séance rattrapage du coup, avec des attentes tellement nivelées par le bas que j'ai creusé le plancher jusqu'à découvrir du Mithril, pour atteindre des abysses reflétant au mieux mes espoirs : aucun. Et du coup j'ai presque été agréablement surpris.
Déjà parce qu'on a très probablement interdit à Snyder de tourner son film au ralenti. Zack Snyder et ses ralentis, c'est comme J.J. Abrams et ses lens flares. Plus qu'une signature, c'est un effet sur-employé, un hochet qu'on n'ose leur retirer de peur de les voir faire une crise, un caprice curieusement toléré. Et bien là, qui de Nolan ou du studio a pris la décision, qu'importe, il a été drastiquement bridé le pauvre Snyder. Pas de ralentis. On lui a juste laissé un filtre gris en compensation (il ne s'en est pas privé le bougre. C'est tout juste si la couleur bleue arrive à passer de temps en temps).
Ensuite, passer les vingt premières minutes sur Krypton, c'est chouette. Un petit message écolo à la mode, un monde apocalyptique, une guerre civile, un Russel Crowe bien employé... Ça fait plaisir. Forcément, dès qu'on en arrive au personnage de Clark Kent, ça s'affadit un peu mais ça ne devient pas déplaisant pour autant. L'emploi judicieux de flash-back pour raconter son enfance aurait été parfait si on s'était limité aux trois premiers (Je préfère oublier celui de la "mort" de papa kent, je deviendrai grossier), la quête introspective de Clark reste suffisamment floue pour ne pas plonger dans un discours philosophico-religieux balourd, tiendrait-on un bon film dédié à l'homme d'acier ?
Hélas, dès que vilain Zod débarque, on retombe immédiatement dans les travers du blockbuster idiot qui, au delà de ses incohérences scénaristiques intrinsèques au genre, dégonfle tout le soufflé mélancolique de ce Man of Steel. Bourrin à grands renforts de "Poooooouuuuiiiiiiiiinnnnn !!!!", le film s'enfonce lentement mais sûrement dans un marasme de convenances qui conviennent bien mieux aux films Marvel, qui eux au moins ne se prennent pas au sérieux. Le pire c'est qu'on sent bien le travail besogneux derrière le paravent d'explosions pour flatter le fan du comics, mais ça ne suffit pas à donner à ce Superman sans slip une aura consistante.
Au final, Man of Steel est un peu vain. Clairement là pour lancer une franchise qui aboutira à une JLA que beaucoup appellent de leurs vœux (J'en profite pour glisser que Batfleck, j'y crois), il oublie de profiter de l'occasion pour donner une réelle nouvelle facture à ce personnage patriarche qu'est Superman. Ça aurait pu être bien pire, mais ce n'est définitivement toujours pas ça.