Quel dommage... "Man of the Year", mettant en scène un humoriste, Tom Dobbs (Robin Williams), qui anime ce qui ressemble à un show télévisuel à l'image de celui qu'anime actuellement Jimmy Fallon, se voit propulsé sur le devant de la scène politico-médiatique après qu'une importante partie de son public le pousse à se présenter aux élections présidentielles. Ainsi commence donc le premier acte du film, qui aurait permit de voir l'ascension de ce qui allait être l'Homme de l'Année, celui qui devait révolutionner sa sphère d'influence.
Hélas, à mon grand désarroi, il n'en fut rien. En effet, "Man of the Year", sorti en 2005, intervient dans un contexte politique particulier: bien que réélu, le Président G.W. Bush, et notamment sa politique étrangère, font polémique aux Etats-Unis, et nombre sont ceux qui dénoncent un système politique sclérosé et un Capitole soumis aux lobbys. "Man of the Year" disposait donc, dans ce contexte, et bien qu'étant une comédie, d'un potentiel de dénonciation énorme, qui permettait de toucher et d'alerter tout public de manière originale, d'autant plus avec un acteur de la trempe de Robin Williams.
Mais au lieu de cela, l'acte 1, celui qui aurait du voir la prise de décision de se lancer dans la course à la Maison Blanche (étape importante) est à peine évoquée, et le film bifurque dans la première dizaine de minutes vers ce qui aurait du être l'acte 2, à savoir la course en elle-même. Encore une fois, cet acte ne dure que très peu de temps, et l'Election Day intervient extrêmement rapidement dans le film. Et là où tout le potentiel comique de Robin Williams permettant de tourner en dérision un système qui marche sur la tête, et réellement révolutionner le système, est complètement écarté en second plan pour apporter une intrigue inutile d'alteration accidentelle des résultats, mettant quasiment en premier plan une Laura Linney incarnant bien plus une victime sans force qu'une ardente défenderesse de la démocratie.
Si le message délivré par la fin du film est louable, il est ajouté à ce détournement du sens propre du film, à savoir prouver qu'un système est difficilement changeable, prouver que ce "Man of the Year" échoue, ne parvenant à révolutionner le fonctionnement de sa sphère influence.