Casey Affleck est concierge à Boston. Il n'est pas très rigolo et en plus il vient d'apprendre que son frère aîné est mort. Du coup, il est obligé de retourner à Manchester et y retrouver son ancienne vie.
★★★☆
Manchester by the Sea réussit l'improbable pari de proposer un mélo familial pur et dur, de s'en approprier les codes et de flirter avec la frontière du pathos dégoulinant sans jamais la franchir. Enfin un film qui sait utiliser intelligemment le flash-back pour produire une émotion brute grâce à un montage maîtrisé ! Car l'émotion est toujours présente, de la première à la dernière minute, parfois en filigrane, dans le parcours de reconstruction de Lee Chandler. S'il est question du deuil de son frère et d'un rapprochement forcé avec son neveu de 16 ans, c'est ailleurs qu'il faut trouver le pivot du récit. On devine assez vite le drame qui a frappé Lee et tout le film répond à cet événement passé.
Pas réellement de scènes palpitantes ou drôles, juste une chronique juste et bouleversante, magnifiée par les paysages urbains déstructurés et recouverts d'une épaisse couche de neige, tout comme l'esprit du héros. Sans trop en dévoiler l'intrigue, le film a également le mérite d'éviter certains pièges et choix faciles, tant sur le plan du scénario que de la réalisation (allez, quelques rares ralentis sur fond de violons). Malgré une certaine gravité et une colère contenue, on peut parfois tomber dans une légèreté bienvenue, par l'entremise notamment du neveu et de ses conquêtes féminines.
Tout comme le personnage joué par l'excellent Casey Affleck, Manchester by the Sea est un film froid, à l'apparence d'une coquille vide et difficile à apprivoiser. Il faut savoir se laisser envouter par cette atmosphère implacable et à l'émotion toute en suggestion sous peine de s'ennuyer devant un récit qui sait prendre son temps.
- Si vous avez manqué le début
Espérons que vous avez pensé à prendre une petite laine. Il fait froid pendant tout le film.