« Si ce n’est toi, c’est donc ton frère ! » La fin de l’année 2016 et le début de l’année 2017 ont été riches en belles sorties, et c’est l’une d’entre elles qui va faire l’objet de l’article qui suit. A lire les nominations aux grandes cérémonies dédiées au cinéma, La La Land semble être parti pour tout rafler. Pourtant, aux Golden Globes et aux Bafta, un autre film, Manchester by the Sea, a également fait parler de lui, et ses nominations aux Oscars font qu’il mérite bien qu’on lui prête attention !
Drame social par excellence, Manchester by the Sea nous immerge dans la vie de Lee Chandler, homme à tout faire solitaire, à la fois effacé et caractériel, sage et brisé. Le film entier est centré autour de la thématique du deuil, confrontant son héros à un nouveau deuil, qui va faire resurgir un deuil plus ancien. La force de Manchester by the Sea réside dans sa capacité à restituer un récit authentique, plein de sincérité et sans aucun superflu. Tout au long du film, le spectateur a ainsi la sensation de suivre les péripéties de personnes qu’il pourrait tout simplement croiser dans la rue et donc, auxquelles il peut aisément s’identifier.
Ainsi, le film évite de tomber dans la mièvrerie, l’émotion à outrance et dans un pathos ostentatoire, prouvant ainsi sa force en misant pleinement sur la qualité de jeu de ses acteurs. Ces derniers sont d’ailleurs ici en état de grâce, notamment Casey Affleck, livrant une copie quasi-parfaite, ne divergeant jamais de sa ligne de conduite, fidèle à son personnage et à son jeu, parvenant à utiliser une large palette d’émotions qui se canalisent à travers son personnage qui, pourtant, est généralement effacé et écrasé par le poids du monde qui l’entoure.
Cependant, si le jeu des acteurs est formidable de sincérité et d’authenticité, l’histoire parvient difficilement à passionner, malgré quelques passages marquants. Très linéaire, avec quelques soubresauts, Manchester by the Sea semble, à chaque sursaut, faire à nouveau baisser la tension et s’étirer. La fin du film pourrait facilement donner envie de s’exclamer « tout ça pour ça ? » mais, même si je regrette des longueurs, je n’ai pas vécu une mauvaise expérience. Celle-ci, d’ailleurs, s’ancre dans la grande question concernant le cinéma, notre approche de ce dernier, et le poids de l’objectivité et de la subjectivité dans notre jugement d’un film. Ainsi, je peux dire que si, subjectivement, je n’ai pas été profondément ému ni transporté, objectivement, je lui accorde une grande valeur et salue sa qualité.
Manchester by the Sea fait donc partie de ces films qui nécessitent d’être vus avec le regard le plus objectif possible pour en tirer le meilleur. Car, à défaut d’être parvenu à réellement m’émouvoir, le film m’a tout de même saisi pour son casting au sommet de son art, notamment un Casey Affleck impeccable, dont je fais volontiers un favori pour l’Oscar du meilleur acteur.