Kenneth Lonergan traite dans son oeuvre, le poids écrasant d'une erreur macabre, sur les épaules d'un homme esseulé certes, mais éperdument amoureux de son sombre désespoir. Il l’accueille à bras ouvert, l'embrasse, pour finalement l'incarner, dans ce souterrain lugubre, Lee ne se cherche plus, il déambule vaguement, il attend sa fin patiemment. Lee n'a nullement demandé à être seul mais désormais il supplie le monde de l'ignorer. C'est l'histoire de Lee vivant dans son sinistre confort, qui contre toute attente, sans le moindre effort déployé, voit le bonheur s' immiscer autour de lui et en lui. Il ne peut y échapper, puisque la vérité est implacable, la vie doit continuer. Les saisons passent, le monde avance, malgré ses démons intérieurs, Lee devra se montrer docile à toute les épreuves qu'il devra affronter, quelque soit leur nature.
Lonergan matrise son sujet de bout en bout, et parvient sans trop de peine à alterner drame familiale au ton sombrement sérieux avec des séquences légères dignes d'un feel good movie audacieux. Lonergan sublime la dépression, pour ensuite, immédiatement nous filer un antidépresseur tonifiant ! Le génie de Lonergan réside dans ce parfait dosage de noirceur et de sentiments. Époustouflant de justesse, la mécanique semble parfaitement huilée, qu 'il suffit d'une fausse note, ou d'un écart alambiqué pour que la structure s'effondre totalement. Lonergan ne force pas le jeu, il laisse les choses s'exprimer, puisque tout élément du film semble toujours servir son sujet. Grand moment de cinema !