Steve Mc Queen a un talent de réalisateur indéniable qu'on connaît depuis Hunger. Son parcours est sans faute et encore une fois on comprend ici son talent. On pourrait rapprocher ce film de 12 years a slave. Une réalisation classique, léchée. Mais il y a un truc et tout se passe dans le découpage du film. Toute sa force va clairement puiser dans cette technique.
Un découpage fait au scalpel, une suite de plans ciselés portés par une musique percussive vont vous rapprocher au plus près des personnages et de leur vie mise en tension. Et le génie s'opère. On ressort essoré du film. Et c'était son but. On aura tout à fait vécu et subi le temps des 2h du film la sensation de l'oppression, du harcèlement et de l'injustice.
Et ça sans artifice d'effet ou d'image violente. Et là est le second coup de génie. Comme cela l'avait été déjà dans Hunger, Shame ou 12 years a slave mais je dirait encore plus réussi ici. Celui de réussir à transmettre cette réalité d'une violence de système insidieuse et sournoise qui est celle toujours aujourd'hui qui brise le plus grand nombre. Elle est capitale pour comprendre notre monde. Les actualités ne savent en rendre compte que partiellement parce que seulement les faits de violence flagrante ou de décès attirent l'attention. Ici dans cette histoire qui peut se rapprocher de tant d'autres il n'est pas question de mort ou de tabassage, il n'y a pas une violence flagrante. Mais elle existe dans sa symbolique, dans le rapport institué entre des places de pouvoir et des citoyens. Et le film le restitue tellement bien.
Le film sera à regarder en VO. La VF n'est vraiment pas réussie.
Casting superbe avec des personnages bien campés et habités.
Steve, tu as bien travaillé. :-)