ManHunt ne va pas plaire.
C'est un film qui ressemble à ce qu'un fan de John Woo ferait s'il n'avait pas trop d'idées de mise-en-scène, sauf que le Grand Maître a vraiment signé l'œuvre... Pas de doute là dessus : à la 26e minute les héros/antagonistes foncent en bagnole dans un enclos-à-colombes planté au beau milieu du décor et elles s’échappent tout au long de la scène qui suit !
Evidemment les fans lui tombent dessus à bras raccourcis, conspuant à l'unisson chaque image.
On pourrait se fendre d'un "bien fait pour lui" expéditif et en rester là, mais je dois reconnaitre que si toute la flamboyance et le panache des années d'or du Roi John sont à jamais perdues, ManHunt remplit son contrat de divertir et d'intriguer et au regard de la production actuelle en matière d'action il constitue hélas plutôt le haut du panier.
Piètre consolation quand on a vibré à Better Tomorrow, The Killer et Hard Boiled mais de là à chier sur l'ensemble du métrage, il y a un grand pas que je ne franchirai pas.
Déjà le pitch est pas loin d’être complètement génial : c’est une sorte de mix entre Le Fugitif et Largo Winch dans le milieu de la corruption des laboratoires pharmaceutiques tout puissants au Japon !
Résumé brièvement... C'est un avocat Chinois, employé par une firme extérieure, y’a trois ans il a gagné un gros procès pour un labo. Du coup il a eu accès à quelques secrets et la firme qui l’emploie lui dit de revenir au pays. Mais le patron de la boîte qui ne l’entend pas de cette oreille car il est à deux doigts de prendre sa retraite et de laisser son pauvre con de fils prendre la relève.
Alors il s’arrange pour qu’on trouve un cadavre de meuf dans la chambre du héros pour le faire accuser. Du coup fuite. Du coup on met le meilleur flic d’Osaka à ses trousses. Mais le flic est pas con : il a bien vu que le Chinois est droitier et qu’il n’a pas pu commettre le crime. De plus un collègue à lui est corrompu ( et drogué ) alors ça devient personnel.
Parallèlement à ça le vieux patron engage un duo de tueuses ( droguées ) pour tuer l’avocat Chinois et balayer tout ça sous le tapis... mais c’est sans compter sur le fait que l’une d’elle développe des sentiments pour lui !
Sur ce canevas échevelé s'ajoute au fil des minutes une tripotée de personnages secondaires bad-ass ( et pour la plupart drogués ) qui flinguent tout ce qui passe à leur portée. John Woo étant appliqué, le moindre prétexte est bon pour une petite fusillade, même un mariage de figurants n'est pas épargné ! ManHunt est donc bien un joyeux bordel à ne surtout pas comparer aux chef d'œuvres des années 80-90 pour le consommer. Faut dire aussi que les acteurs sont contraints de parler anglais la moitié du temps et qu’on sent terriblement que c’est pas leur langue alors ils forcent « un chouilla » ce qui donne au film des allures de super sentai ( mais sans combi fluo ) à la morale douteuse : "La drogue c'est mal, mais si ça peut vous faire gagner une guerre, alors prenez en autant que vous pouvez." !
Ça ne sera pas du gout de tout le monde. Ça sera du dégout de beaucoup.
Mais j'assume, ça m'a fait plaisir.