L'avocat d'une compagnie pharmaceutique à la douteuse réputation se réveille un matin avec le cadavre d'une jeune femme. Il va être poursuivi sans relâche par un flic obstiné, mais pas seulement, car cette mort cache bien entendu quelque chose...
Avec Manhunt, John Woo revient à ce qui au fond lui a toujours réussi, à savoir le polar. Il faut savoir qu'après le bide de son diptyque The crossing, il a dû liquider sa société de production, et donc revient en mode mercenaire. Quoi de mieux que de revenir à ce qu'on voudrait voir de lui, à savoir quelque chose de burné qui rappellerait ses grandes heures, The killer ou le côté frénétique de A tout épreuve.
Sauf que là, on dirait que John Woo tourne la caricature de lui-même, car c'est non seulement très mal réalisé, mais on dirait qu'on joue au Bingo en cochant toutes les cases ; alors oui, il y a une scène avec des colombes, oui il y a une scène où un personnage tire avec deux flingues, une autre où un personnage glisse tout en flinguant, un final assez sanglant... C'est même surprenant de voir qu'un réalisateur jadis si réputé semble tomber dans une forme de laisser-aller. Dommage pour ce qui devait être un hommage à l'acteur japonais Ken Takakura.
J'en veux pour preuve une scène vraiment honteuse de son talent où on voit les deux antagonistes joués par Zhang Hanyu et Masaharu Fukuyama se battre et le premier va mettre un second un coup de pied qui risque de le faire tomber sur un caillou à l'arrière du crâne s'il tombe dessus. Et là, on a un plan où on voit la tête de l'acteur se décaler légèrement, alors qu'il est en pleine chute, pour au final tomber à côté du caillou. C'est un peu le genre de moment fumiste que filme John Woo, par-dessus la jambe, en plus d'effets spéciaux parfois ridicules comme une poursuite en scooter des mers. De plus, si on excepte les deux acteurs principaux, le reste du casting est loin d'être à la hauteur, y compris Angeles Woo (la fille de), qui incarne une mercenaire dopée aux anabolisants.
Au final, la sanction du public a été que le film a été encore une fois un échec sur le sol chinois, et qu'il est directement sorti en vidéo en France. Décidément, la décennie 2010 de John Woo, où il avait quitté Hollywood depuis plusieurs années, a été compliquée.