You have the right to remain silent... Forever.

Imaginez la scène : une femme assaillie par deux malfrats dans le plus pur style Streets of Rage. Elle se débat. Trébuche. Nous sommes dans un slasher des eighties.
Poussée par la force du désespoir elle finit par larguer ses deux poursuivants en glissant à haute vitesse vers un parc aux contours glacés tel qu'on peut le trouver dans un New-York hivernal. Au loin se détoure la silhouette rassurante du Policier. Le salut est au loin, presque tangible.
Paniquée elle continue à pousser sur ses petites jambes. Derrière elle : la mort. Devant elle : le symbole de la justice. Essoufflée elle titube les derniers mètres. En pleurs, elle plaide pour sa vie, explique son parcours des dernières lignes. D'un geste le Policier la prend dans ses bras. La fuite est terminée; en un instant.
D'un autre il la hisse à bout de bras, brise son cou et la jette violemment à terre.
Bienvenue dans Maniac Cop.

Parler d'un petit film sympathique issu des très saintes années quatre-vingts nécessite un brin de doigté. Admettons illico l'évidence : ce n'est pas un film de Godard. Il s'y passe des choses. Ce n'est pas du théâtre filmé non plus. Et encore moins du ballet.
Non, ici William Lustig - un neveu du fameux boxeur Jake LaMotta - vous cause de la peur que devrait inspirer en chacun de vous l'existence de gens payés pour représenter la violence simili-justifiée d'une civilisation malade. Jeter un regard sur sa filmographie vous informe des bases : spécialisé dans le thriller fauché et le gore à bas budget le mec connait son heure de gloire en jouant un docker dans Darkman. C'est donc une gloire très relative; cela va sans dire. Son style de réalisation est simple et sans fioritures, il essaye de garder l'action dans le cadre sans trop trembler et que ce soit pas trop flou. Une mission esthétique que beaucoup de réalisateurs modernes pourraient prendre en compte; en fait.

Maniac Cop - comme le titre l'indique - est l'histoire d'un homme devenu maniaque. Ah, et il est flic.
Pour un temps le scénario de Larry Cohen joue les demi-teintes et vous fait suivre dans un style simili-noir la trace de divers flics mis face au problème d'une population devenue paranoïaque face à tant de massacres. L'on suit Tom Atkins (The Fog, Escape From New-York) le flic qui va déjouer le complot. Il cherche à prouver l'innocence de "Le Bruce Campbell" qui comme d'habitude ne peut s'empêcher de jouer dans son style inimitable et pourtant très limité un gars qu'on suspecte d'être le psychopathe. (Si vous connaissez Le Bruce Campbell; vous pouvez déjà imaginer à quel point le gars peut paraître suspect : il en fait toujours des masses.)

J'ose à peine vous parler en profondeur de la trame de ce film.
Ce serait un crime de trop vous spoiler un truc aussi peu épais. Et j'ai maintenant une peur panique des forces de l'ordre; donc je vais m'abstenir. Je vous dirai cependant ceci : Maniac Cop est un petit film qui inspire une profonde sympathie chez ceux susceptibles de céder à ses charmes. Entre ses débuts goût polar et sa fin résolument axée autour d'une explication abracadabrantesque se trouve un film efficace qui a su utiliser chaque cent de son million de budget pour tenter de vous divertir.
D'accord, c'est pas luxueux; okay, c'est assez téléphoné. Mais la réalisation maîtrisée induit une certaine forme d'hypnose chez le spectateur. Les thèmes abordés sont tangibles, réels, palpables dans l'expérience quotidienne du spectateur. Or, s'appuyer avec efficacité sur un cliché viscéral - ici le fait que les gens craignent les flics car ceux-ci sont des brutes armées - c'est la marque d'un slasher de qualité.
Et quand vient la surprise; elle est amenée de manière efficace. Que peut-on demander de plus à ce genre de films si ce n'est d'avoir été fait avec amour de la chose par des gens compétents?
Rien, à mon sens.