La Jeanne d'Arc d'Orient

Manikarnika: Queen of Jhansi raconte l'histoire de la rani Lakshmi Bâî (interprétée par Kangana Ranaut, aussi co-réalisatrice du film), devenue régente du royaume de Jhânsi et qui se rebelle contre la Compagnie des Indes Orientales lorsque cette dernière tente d'annexer Jhânsi. Pour l'affronter, Lakhsmi Bâî rassemble une armée de volontaires, dont un certain nombre de femmes (et pour le coup on a un film avec un féminisme consistant et respectable contrairement à certaines productions occidentales :siffle: ), et parvient à tenir un siège de deux semaines à Jhânsi avant de devoir s'enfuir pour rejoindre d'autres princes rebelles. En raisons des similarités avec une autre femme guerrière, on la surnomme parfois la Jeanne d'Arc d'orient.

Le film est divisé en deux parties d'une heure et quart chacune environ avec une première présentant le contexte et les personnages, s'articulant autour de la romance entre Lakshmi Bâi et son époux, le maharadja de Jhânsi, et une seconde orientée drame et action.
Celle-ci se déroule pendant la Révolte des Cipayes, un événement dont j'ai appris lorsque j'étais gamin à connaître les grandes lignes et certains protagonistes grâce à la campagne indienne de l'extension Asian Dynasties d'Age of Empires III (les Age of Empires et les Total War ont été les meilleurs professeurs d'histoire que j'ai eu).

Il convient de spécifier que bien que le film soit inspiré d'événements réels, il n'est pas une reconstitution exacte de ceux-ci (comme bon nombre de blockbusters historiques ou pseudo-historique ceci-dit) et n'hésite pas à embrasser les aspects et les épisodes les plus légendaires associés à ce dernier, dont le fameux saut à cheval depuis la muraille.

Lorsque les premières scènes d'action sont arrivées, je craignais que la violence soit édulcorée car il y avait un côté factice dans la mise en scène des fusillades et exécutions montrées (les figurants tombent tous comme des masses, pas de sang visible...) mais en vérité plus le film avance, plus la violence devient graphique (On a par d'exemple un mec qui crève les yeux d'un autre pendant le siège aux 2/3 du film puis l'héroïne qui fend le crâne d'un Anglais avec son sabre lors de la bataille finale).

Les défauts que je relève sont peut-être le côté trop clipesque des passages musicaux, qui me font un peu l'effet d'un Big Lipped Alligator moment, et les CGI hasardeux des éléments mobiles (certains animaux, les flammes et les boulets de canon en particulier) là où ceux des paysages ou des villes/forts sont de qualité honorables. Les Anglais pourront sembler un peu caricaturaux pour certains mais grosso modo, ce n'est pas pire que dans The Patriot ou Pirates des Caraïbes.

Bref, Manikarnika: The Queen of Jhansi n'est pas à mettre au même niveau que La Légende de Baahubali mais il est demeure néanmoins un très bon divertissement qui m'a permis de connaître une personnalité historique méconnue en Occident et à constater les progrès faits par les Indiens ces dernières années, on regrette que l'on a pas eu de productions cinématographiques de ce genre avec un niveau de qualité et d'ambition égal ou supérieur en Occident depuis la version longue de Kingdom of Heaven.