Introduction
Connaissez-vous la fabuleuse histoire de Dorlys le chien ? Mais si vous savez, le petit chien surpris un jour par son maître alors qu’il déchirait des coussins et qui, dans un geste de défi, osa sucer sa propre queue devant lui. Et bien Jurassic World: Dominion est à l’image de ce chien : Il ne fait que des conneries mais ose s’autosucer, me poussant à le ranger comme son grand frère spirituel L’Ascension de Skywalker dans une catégorie que j’ai nommé Oeuvres Dorlys.
Laissez-moi exposer mon avis sur le film. Bien sûr, je vais divulgâcher comme un gros porc dans cette critique.
Réalisation et photographie
Malgré le sursaut d’espoir que le court-métrage Battle at Big Rock a pu susciter chez certains (pas des masses chez moi), Trevorrow n’a pas fait de progrès dans sa réalisation depuis Jurassic World. Pire, j’ai l’impression qu’il a régressé. Rien ne va ou presque : Les scènes d’action/suspense sont trop courtes pour être appréciées (Plusieurs fois, j’ai pensé « Bin ? C’est déjà finit ? Je commençais seulement à m’amuser ! ») et parfois incompréhensibles ; il est incapable d’iconiser ses créatures et de montrer des rapports d’échelles tangibles ; ses cadres sont surchargés d’éléments (on a du mal à respirer. De l’air, Colin !), et en parlant de cadres, il se livre à sa passion pour les encadrements, croyant y avoir vu un génie de mise en scène ; et Dominion ne ressemble pas à un film de cinéma mais à une sorte de gros épisode de série télé…
Et surtout, le film est le plus inoffensif et bisounours de toute la saga : Les morts se comptent sur les doigts d’une seule main et sont aseptisées (je n’ai pas souvenir d’une seule goutte de sang…), et certaines scènes dégoulinent de niaiserie et de guimauve (surtout le montage final), tant que le spectateur menace de choper le diabète.
Avec ce film, Colin Trevorrow prouve qu’il n’est qu’un hybride entre J.J Abrams et le Luc Besson post-tournant du millénaire. Le premier pour le côté nostalgie et fan—service surabondant et écœurant, et le second pour le côté parfois un peu beauf et pseudo-génie (sans parler du fait que la partie à Malte ressemble à du Europacorp avec des dinosaures. Il y a même des raptors yamakasis ! Il ne manquait plus que les audis et les putes et là on aurait pu dire que le film avait l’ADN Besson).
Quant à la photographie de John Schwartzman, elle est toujours aussi fade. Pourquoi Trevorrow n’as pas gardé Larry Fong, qui avait livré un boulot correct sur Battle at Big Rock ?
Fan-service
Tenez, on parlait de J.J Abrams et de fan-service il y a peu. Abordons ce sujet. Commençons par dire que le premier Jurassic World est de la rigolade sur ce plan comparé à Dominion, et le retour du trio originel y joue pour beaucoup. Voici quelques exemples :
« Regarde, le collègue de Franklin à la CIA ressemble à Nedry mais en jeune ! »
« Regarde, Maisie fait du vélo. C’est comme dans ET ! T’es devant un film Amblin ! Aime Putaing ! »
« Regarde, Ellie va remettre le courant avec Claire, comme la scène de la remise dans le film original ! »
« T’as entendu ? Ramsay a dit qu’ils ne font pas d’hybrides chez Biosyn. On vous a compris, vous avez vu ? »
« Tu te souviens de Mark dans JP3 ? Et ben, lui et Ellie ont divorcés ! Comme ça elle va pouvoir se remettre avec Alan ! Ce n’est pas merveilleux ? Je pense à vous les fans ! » + Ellie qui te hurle presque « Je n’ai plus Mark, Alan ! Et mes gosses sont à l’unif ! Je suis libre ! Liiiiibrrreeee ! Les magasins sont ouverts, Alan !»
« Regarde, Dodgson a la même mort que Nedry. C’est comme de la poésie, ça rime ! »
A un moment, tu as juste envie de hurler « Ta Gueule ! » au film (pour ma part, j’ai tenu jusqu’à la scène où Ellie vient retrouver Alan au site de fouilles).
L’un des exemples les plus frappants (et des plus idiots) est celui de la bombe de mousse à raser, celle qu’avait Nedry dans le film original. Comment se fait-il que cette foutue bombe se retrouve dans le bureau de Dodgson alors qu’on l’a vue être ensevelie sous de la boue dans le premier film ? Je sais bien que Spielberg a toujours souhaité réutiliser cette bombe dans les suites (le début du script de John Sayles pour Jurassic Park IV tournait autour de la récupération de cette bombe) mais je suis désolé, c’est une idée de merde (sauf dans Jurassic Park : The Game de Telltale où la bombe était un enjeu encore pertinent d’un point de vue chronologique) et si ça tenait qu’à moi, je te l’aurais montrée être déterrée par accident au début de Jurassic World dans un prologue montrant la construction du parc, évitée de peu d’être écrasée par un véhicule, puis être récupérée par un ouvrier qui la regarde d’un air pensif pendant un instant avant de la jeter nonchalamment par-dessus son épaule dans un broyeur (on précisera que l’ouvrier est un caméo de Mark Hamill), histoire de mettre le holà sur le fan-service. Pour en revenir au film, pourquoi Dodgson aurait un quelconque attachement envers cette bombe de mousse à raser ? Le mec n’est pas supposé être un sentimental. M’enfin, sa caractérisation est une catastrophe. On y reviendra plus tard.
Effets spéciaux
Comme dans les deux JW précédents, les CGI sont inégaux et je ne vois pas quoi dire de spécifique à leur sujet si ce n’est que ceux de Blue sont vraiment moches parfois.
C’est bien gentil de vouloir faire plaisir aux fans en mettant beaucoup d’animatroniques mais si c’est pour que ces derniers n’arrivent pas à la cheville de ceux de la trilogie originale, autant s’abstenir car le résultat est parfois risible, passable pour un parc à thème mais pas pour un blockbuster à deux cent millions de patates ! Des séries télévisées vieilles de plus de vingt ans telles que Farscape avaient des animatroniques plus convaincants que ceux du sixième film de la franchise Jurassic Park (Pilote refait le cul à tous les animatroniques de Dominion sans sourciller). C’est quand même un comble, le film original ayant été novateur dans l’usage d’animatroniques ! La palme revient aux Microcératus des vidéos avec Charlotte (je ne me souviens pas avoir vu ses narines… L’horreur… Respire-il par son cul comme le pingouin de la célèbre blague ?) et aux Dimétrodons digne d’une fête foraine pas effrayants du tout (sans compter que ces cons se contentent de rugir ou d’avancer à un rythme de tortue. Le Dimétrodon de Sur la Terre des Géants rigole bien en attendant).
Costumes
Alors, je ne sais pas ce qu’a fumé le ou la responsable des costumes mais là aussi, il y a des choix douteux. Claire porte une veste bleue à Malte alors qu’il serait plus judicieux qu’elle porte des vêtements plus sobres vu qu’elle est supposée s’infiltrer dans un marché noir avec Owen et Barry ; Sonoya semble tout droit sorti d’un gala ou d’un défilé de mode (j’ai vu certains la surnommer Lady Gaga. C’est plutôt approprié ma foi) ; Certains figurants du Marché Noir qui ressemblent soit à des clodos ou des romanos récupérés on ne sait où, soit à des rejetés de Zoolander… Bref, c’est la Cour des Miracles (ou des Malaises) avec des dinosaures ; Kayla qui se balade tranquillou en débardeur dans une vallée des Dolomites alors que c’est supposé être l’hiver (il n’y a pas de neige dans la vallée mais ça devrait quand même être frileux)…
Scénario
Comme ses deux grands frères, le film propose des idées intéressantes mais à du mal à les traiter correctement et l’écriture vraiment médiocre se repose trop souvent sur le principe du « Ta gueule, c’est magique ! », faisant intervenir certaines créatures le temps de toutes petites scènes (coucou le Quetzalcoatlus et le Pyroraptor !) souvent absurdes (le quetzal qui arrive à se poser sur un avion, le pyro qui plonge dans un lac gelé puis se prend pour Azog du Hobbit en surgissant à travers la glace pour sortir de l’eau), tandis que les moments « Ah bah ça, ça tombe bien ! » sont légions.
Improbabilité du postulat de départ
Tout d’abord, j’ai un problème avec le postulat de départ du film, qui dit "Il y a des dinos adultes en liberté dans la nature partout dans le monde seulement 4 ans après l'incident Lockwood. ». Je n’y crois pas une seconde.
Avant que l’on ne me le dise, je sais que des individus et des embryons ont été vendus et envoyés aux quatre coins du globe à la fin de Fallen Kingdom, et je veux bien que des incidents finissent par survenir mais il faut du temps pour que ces derniers aient lieu. Il faut que les animaux soient mis au monde, qu'ils grandissent, qu'il y ait la couille, qu'ils arrivent à s'échapper, qu'ils survivent, voir qu’ils aient le temps de se reproduire... Or 4 ans, ce n’est pas beaucoup et la situation qu’ils mettent en scène n’aurait été crédible un minimum qu'au moins une dizaine d'années après les évènements de FK, si ce n'est pas plus... Et le plus triste, c’est qu’une fois les premières scènes passées, tout ce postulat passe à la trappe avant d’être réabordé que lors de l’épilogue, et encore abordé est un grand mot…
Promesses non-tenues
L’un des plus gros problèmes du film est qu’il ne tient pas ses promesses, et ne respecte pas le contrat qu’il passe avec le spectateur. La campagne promo insiste sur l’aspect coexistence avec les dinosaures mais ne fait rien de ce sujet à part une intro style reportage Konbini et un épilogue hallucinant de médiocrité, consistant en un enchainement de séquences consistant à des vidéos libre de droit disponibles sur Internet et sur lesquelles on a incrustées des dinosaures et autres animaux déséteints dans des scènes affligeantes de nullité où la réflexion frise le zéro. Ça a du se passer comme ça dans la tête des scénaristes : « Alors, on va montrer des ptérosaures décoller avec des oiseaux pour partir en migration ensemble car les ptérosaures et les oiseaux, c’est un peu pareil ! Puis, on va montrer le mosasaure nager paisiblement à côté de baleines, car le mosa c’est juste une baleine reptilienne ! Puis, on va montrer des Parasaurolophus galoper avec des chevaux, tout le monde aime les poneys tout doux ! Et pour finir, il y aura un Sinocératops accompagnant un troupeau d’éléphants, car les herbivores sont Zentils et vont bien ensemble, et on va mettre un coucher de soleil ! Youpi ! ». C’est littéralement le livre If dinosaurs were alive today de Dougal Dixon … mais en moins bien ! (déjà que ce livre est critiquable). Ces séquences ne montrent qu’une chose : Ceux ayant fait le film ont des connaissances limitées du Monde Animal et du fonctionnement des écosystèmes. La Nature est belle, mais elle est aussi impitoyable et il faut garder ça à l’esprit (Quand on pense que les éléphants aiment parfois tuer les rhinocéros pour des questions de territorialité, je ne pense pas que le Sinocératops ait été le bienvenu dans leur troupeau dans un univers plus réaliste). Et la conclusion de tout ça est « Il fo vivr Ansambl ! ». Woah ! Merci Colin et Emily pour cette profonde réflexion ! Petite question, vous vous tapiez quel genre de notes en dissert ?
Je bosse actuellement sur une réécriture de Fallen Kingdom et sans vouloir me vanter, je trouve dingue que mes persos en disent plus sur ce sujet au cours d’une seule scène de dîner qu’un film tout entier dont c’est supposé être le sujet principal, du moins d’après la campagne promo qui s’est avérée mensongère, le film ayant décidé plutôt de parler d’un tout autre sujet.
La question acridienne
Quelle n’as pas été la stupeur des spectateurs lorsqu’ils ont découvert que l’une des intrigues principales du film tournait autour de nuées de sauterelles bouffant toutes les cultures sauf celles de Biosyn, et que cela est un plan ourdi par Dodgson dans le but d’obtenir un monopole agro-alimentaire, qu’importe si la chaîne alimentaire est niquée.
Bien que certaines multinationales dont on taira le nom soient capables de faire un tel truc, le problème est que la saga Jurassic ne te parle que de dinosaures ou presque depuis cinq films. Les sauterelles arrivent dans ce volet non pas comme un cheveu sur la soupe mais comme une perruque et leur intrigue (ainsi que celle de Maisie, voir plus bas) phagocytent le récit et prennent le pas sur celle des dinosaures. Je ne dis pas que les sauterelles de Biosyn n’auraient pas eu leur place dans l’univers mais il aurait fallu peut-être leur donner une importance moindre, les amener autrement, de manière progressive, quitte à préparer le terrain dans les deux volets précédents (Mais Trevorrow ne sait pas faire ça. Biosyn elle-même débarque comme ça pour le spectateur moyen, alors qu’une mention ou deux dans les films précédents n’auraient pas été de refus).
Personnages
Parlons des personnages.
Revenants
Claire : *soupire avec peine* Ah Claire, Claire… Un personnage plein de potentiel, vendu par son créateur comme la véritable protagoniste de la nouvelle trilogie. Entre les mains de meilleurs réalisateurs et scénaristes, elle aurait pu être une nouvelle Sarah Connor ou Ellen Ripley, voir un personnage tragique (en gros Thorin Ecu-de-Chêne avec des seins) mais quel est le résultat ici ? Une gourdasse qui a perdu son parc, son assoc et finit sa trilogie en se retrouvant à devoir élever la clone d’une riche héritière qui la respecte à peine. Et le pire c’est qu’elle est satisfaite… gente dame, tu t’es fait arnaquée ! Il aurait été mille fois plus intéressant d’explorer les conséquences psychologiques de ses échecs (la chute de Jurassic World, le démantèlement du Groupe de Protection des Dinosaures…) que de la voir répéter « Je veux être ta maman, Maisie ! » ou « Avez-vous vu ma fille ? » tout au long du métrage. Et dire qu’on fait nos adieux au personnage alors qu’elle grille des marshmallows au feu avec Owen et Maisie. Mais quel gâchis !
Owen : Chris Pratt est toujours aussi fade. Il a moins de scènes wtfesques que dans FK mais il en a encore quelques-unes (arrive à maitriser un Parasaurolophus à la seule force de ses bras, n’a pas l’air de se les géler sur un lac de barrage en montagne, sa trempette dans ce même lac ne lui fait aucun effet, maîtrise un dilophosaure et effraie son groupe…).
Maisie : Tout bonnement insupportable dans ce film, juste bonne à baffer ! La Maisie de Dominion remporte le prix de Pire personnage d’enfant/ado dans une œuvre live de la franchise Jurassic. Pour résumer : C’est une ado qui a des caprices, une crise d’identité, se fait kidnappé comme la dernière des buses, et se croit badass alors qu’elle est ridicule (cette scène où elle imite le geste d’Owen avec Beta vers la fin ! Des barres, putaing !). On apprend au début que Maisie est recherchée à cause de sa nature de clone et la question qu’on est en droit de se poser est : Mais qui est l’andouille qui a crié sur les toits que Maisie était une clone ? Ou Mills était-il si crétin qu’il a laissé des documents mentionnant son secret sur son bureau alors qu’il aurait eu intérêt à les cacher ?
Mais ce n’est pas tout ! Son background a été tout simplement retconné à la truelle : Il est révélé que ce n’est pas Benjamin Lockwood qui l’a clonée car il voulait revoir sa fille mais carrément cette dernière, qui s’est prise pour la vierge Marie. Colin, qu’est-ce à dire que ceci ?!
Toute la dimension tragique et dans un sens malsaine entourant le personnage tel que présenté par Bayona dans FK passe à la trappe pour être remplacé par un perso semblant tout droit sorti d’une fanfiction écrite par une ado persuadée qu’elle n’a pas créer une nouvelle Mary-Sue alors que si…
Le trio originel : Leurs scènes font partie de celles que j’ai détestées le plus (tant que j’ai parfois hurlé devant mon écran, quelque chose qui n’était pas arrivé pour les deux précédents Jurassic World), pour la simple raison que je n’ai pas reconnu les personnages de la trilogie originale et que j’avais l’impression de voir un marionnettiste jouer avec leurs corps. C’était surtout le cas pour Ellie (qui est devenue chiante mais à un point !), Grant étant plus effacé et réduit à être son chienchien tandis que Malcolm est devenu une caricature ambulante dont les blagues sont tombées systématiquement à l’eau pour moi (sans parler du fait qu’il bosse pour Biosyn comme consultant, à croire qu’il n’en a rien appris de son expérience avec InGen. Je rit encore de la scène de l’amphi. Hallucinante d’absurdité !). Mais le pire c’est la romance Ellie-Alan, traitée avec la subtilité d’un Dreadnoughtus dans un magasin de porcelaine et totalement inutile (Trevorrow ne pouvant refaire le coup avec Claire et Owen, il s’est rabattu sur eux). Hormis certains fans un peu trop zélés, qui en avait véritablement quelque chose à foutre de la vie romantique d’Alan Grant et d’Ellie Sattler plus de vingt ans après Jurassic Park 3 ?
Dodgson : Concernant lui, c’est très simple. Le personnage nommé Dodgson dans ce film n’est pas le Lewis Dodgson de Jurassic Park premier nom mais un imposteur ! Non seulement Campbell Scott ressemble peu à Cameron Thor mais le comportement ne colle pas. Je sais bien que faire des imitations de certains PDG est une mode et est tentant, mais faire de Dodgson un simili Steve Jobs/Tim Cook (Biosyn est carrément une parodie d’Apple dans Dominion) avec son côté introverti et maladroit était une idée de merde, le personnage ayant été déjà caractérisé dans JP. Le Dodgson de Cameron Thor avait vraiment une tête de sale type et suscitait un minimum inquiétude (en même temps, l’acteur s’est révélé être plus tard une ordure.) là où Campbell Scott est juste ridicule. Et c’est quoi cette réplique finale « C’est quoi ton histoire ? » adressée à un dilophosaure ?
Wu : Wu est lui aussi de retour et.. il est devenu gentil entre FK et Dominion. Comment ? Quand ? Pourquoi ? Pas de réponses si ce n’est qu’il est inquiet au sujet des sauterelles qu’il a aidé à créer. Vouloir le sortir du cliché du savant fou est une bonne idée mais il est son développement, les gars ? Pourquoi il est comme ça tout d’un coup, lui qui a peine cillé en apprenant que l’Indominus avait tué des gens dans le premier Jurassic World ? Et contrairement à sa version littéraire, ce con survit et à a une fin heureuse, où il est dans un champ de blé avec sa sauterelle Judas et qui te fait un grand signe avec ses bras en la voyant rejoindre ses congénères (que s’est-il passé Monsieur Wong ? Vous avez pris de la Marie-jeanne avant le tournage de cette scène ?)
Barry : Comme dans JW, Barry n’est présent que quelques minutes, a une caractérisation limitée (qui se résume à « c’est le pote sympa d’Owen ») et oublié en cours de route (dès que Claire et Owen quittent Malte, on n’a plus un mot au sujet de l’incident venant de se dérouler sur l’île).
Franklin et Zia : Etonnamment, Franklin s’est révélé être un des personnages les plus tolérables dans ce volet alors qu’il était un gros boulet dans FK (j’irais jusqu’à dire que l’acteur a gagné en charisme depuis). Zia, quant à elle, est… inexistante. Quelques répliques, une scène et basta, on ne la revoit plus ! (pauvre Daniella Pineda qui doit rager sec après la bérézina artistique Cowboy Bebop et cette apparition minimaliste dans Dominion).
Nouveaux
Dans l’ensemble, les nouveaux personnages sont trop sous-développés pour être véritablement intéressants et ne sont que des fonctions (on a la pilote, le traître dans le camp des antagonistes, l’homme de main, la fournisseuse de dinosaures...).
Flagada Jones… euh je veux dire Kayla Watts (Demanda Wise) ne m’a pas du tout impressionné (je crois avoir vu le même genre de personnages mais en mieux ailleurs. Dans les jeux Uncharted par exemple !). Et c’était quoi ce hurlement lors de la scène du Pyroraptor ? Tu gardes ton sang-froid tout le reste du film et là tu hurles ? C’est quoi ce délire ? C’est pour faire comme Tim et Lex dans la scène de la cuisine de JP, c’est ça ?
Ramsay Cole (Mamoudou Athie) était plus plaisant à suivre mais je trouve le fait qu’il aide nos héros un peu facile et fortuit pour le scénario (au final, seul Dodgson est véritablement méchant au sein de Biosyn, ce qui est bien pratique. Nos héros n’ont que peu d’obstacles dans le centre au final, pas même des agents de sécurité pouvant les arrêter).
Quant aux deux méchants de seconde zone que sont Rainn Delacourt (Scott Haze) et Sonoya Santos (Dichen Lachman), le premier est oubliable à souhait tandis que la seconde a un look improbable (voir plus haut lorsque je parle des costumes) et est simplement arrêtée avant de ne plus jamais être mentionnée… (à une époque, un leak parlait d’une scène où Claire retourne le pointeur contre Sonoya, qui finissait bouffée par un de ses propres raptors. J’aurais largement préféré voir ça !)
Créatures
Le « respect » de la réalité scientifique
Au début de la production de Jurassic World : Dominion, Colin Trevorrow a prétendu que le film allait être plus proche de la réalité paléontologique et peu avant la diffusion du prologue au cours de l’été 2021, il s’était enorgueilli en partageant la photo d’un Moros doté de plumes. C’est bien mais on aurait souhaité avoir des dinosaures à plumes dès le premier Jurassic World histoire d’avoir une trilogie qui commence sur de bonnes bases. Puis est arrivé le prologue lui-même, se déroulant au Crétacé mais truffé d’anachronismes et de créatures quasi identiques à leurs clones. Bref, tout le beau discours était du pipeau et l’allure des nouvelles espèces ne fait que confirmer cette triste réalité (seuls le Quetzalcoatlus et le Moros s’en sortent bien).
Nouvelles
« Atrociraptor »/Europacorpraptor : S’étant retrouvé dans un cul de sac après avoir fait du vélociraptor un dinosaure positif au travers Blue, Universal a décidé de réintroduire des raptors antagonistes (dépourvu de plumes) lors du passage à Malte. Officiellement, ce sont supposés être des atrociraptors mais ceux du film sont tellement dissemblables du véritable animal que je préfère les nommer Europacorpraptor bessoni yamakasiensis. En fait, c’est les raptors de la trilogie originale… en moins bien ! (en plus moches, plus cons et plus incompétents pour résumer).
Pyroraptor : Un dinosaure français, cocorico ! Lui a des plumes mais il se tape une sacrée gueule de consanguin, tant qu’on dirait sur certains plans une parodie de dinosaure à plumes (heureusement que Prehistoric Planet est sorti le mois dernier pour nous fournir une alternative décente sur ce plan). Trevorrow et Carmichael, le Pyroraptor est originaire de Provence, pas du Nord Pas de Calais ou de la Creuse ! (désolé, c’était plus fort que moi). Non seulement, il est hideux (triste pour le premier raptor à plumes de la saga) mais on lui a affublé d’un comportement absurde (voir plus haut partie scénario). Je n’ose imaginer la réaction de Ronan Allain et Philippe Taquet en voyant ce qu’Hollywood a fait du dinosaure qu’ils ont décrits.
Thérizinosaure : Est introduit lors de la seule scène un tant soit peu mémorable du film. Pour une version monstrueuse de l’animal, ça passe car contrairement au Baryonyx introduit dans Fallen Kingdom, la caractéristique principale de l’animal (les grandes griffes dans le cas présent) est conservée et mise en avant. Attention, je ne dis pas que c’est un bon design, il est juste passable, et j’aurais grandement souhaité avoir un design plus naturaliste à la place.
Giganotosaure : Alors lui, c’est la débande totale ! D’une part, il est moche (Sur certaines scènes, il a vraiment une allure de dinosaure rétro tout droit sorti des âges sombres pré années quatre-vingt), et en terme de rôle, il est une resucée du Spinosaure de JP3 et de l’Indominus de JW pour certaines scènes. Sauf que contrairement au prédateur voilé du film de Johnston, il ne risque pas de laisser de souvenirs impérissables tellement qu’il ne sert à rien dans l’intrigue si ce n’est fournir un antagoniste pour le combat de dinos de fin obligatoire (du moins aux yeux des scénaristes et du studio). Ce con n’est même pas foutu de tuer quoique ce soit et on n’a pas peur lors de ses scènes. Les fans de l’espèce doivent être méchamment déçus car c’est comme si on avait pris un acteur potentiellement bankable, qu’on lui avait enfilé un costume ridicule, et qu’on lui avait donné pour seul rôle de se faire tataner dessus par la grande star de la saga (ici Roberta la tyrannosaure) ainsi que le nouveau poulain (ici le thérizinosaure).
Musique
Ayant aimé les musiques de Giachinno sur les deux premiers JW, j’avais bon espoir pour celle de ce volet, et ce quel que soit la qualité du film. Malheureusement, là aussi c’est la déception.
Je la trouve bizarre la BO. J'aime bien certains passages (tels que les musiques associées aux scènes de Malte à l'exception du morceau partagé plus haut. Elles utilisent des instruments de cultures méditerranéennes, ce qui aide à leur donner une identité propre au sein des musiques de la saga) mais ce ne sont souvent que des musiques d’ « habillement » et non narratives tandis que l'utilisation de synthés me dérange. Il n'y a pas de thème inédit mémorable et Giacchino reprend des thèmes de JP, JW, FK et même JP3 mais se repose trop sur ceux-ci.
La BO de FK m'avait aussi laissé un goût étrange après la première écoute mais il y avait des musiques plus mémorables (le thème de Wheatley, le morceau Volcano to death, le thème gothique de l'Indoraptor...) et aujourd'hui, je l'aime bien (dans le top 3 de la saga) mais là, concernant celle de Dominion, j’en suis déjà à plusieurs écoutes et je ne suis toujours pas convaincu.
Conclusion
Mes espoirs pour Dominion étaient maigres mais j’ai beau eu m’attendre à rien, je suis ressorti quand même déçu de mon visionnage (je précise que je n’ai pas donné un centime à Universal, des amis marchands de Nassau m’ayant permis de le voir) et je vous révèle mon classement des œuvres live-action de la saga :
1) Objectivement: Jurassic Park; Subjectivement: le Monde Perdu
2) Objectivement: Le Monde Perdu; Subjectivement: Jurassic Park
3) Fallen Kingdom
4) Jurassic Park 3
5) Jurassic World
6) Battle at Big Rock (littéralement la séquence de la caravane du Monde Perdu… Mais en moins bien)
7) Dominion
Ainsi, Dominion se retrouve tout en bas de la liste pour les raisons suivantes : Est fade, ne répond pas à ses promesses et vire dans le hors-sujet, pète plus haut que son cul alors qu’il n’y a pas de quoi puisqu’il est crétin (Jurassic Park 3 est beaucoup plus humble en plus d’être mieux réalisé). Le sixième volet de la franchise est au film originel ce que Humperdoo est à Jésus dans Preacher : Son descendant consanguin et attardé.
Au final, la trilogie Jurassic World était pleine de potentiel, mais ce potentiel a été gâché par les fléaux touchant le cinéma de divertissement depuis 5-7 ans : Fan-service putassier, Ecriture paresseuse, Volonté de singer le MCU et autres franchises d’action bourrine où les protagonistes sont des surhommes… L’intégralité de la saga Primeval (y compris le spin-off Primeval : New World) s’est avérée être un meilleur Jurassic Park IV que la trilogie Jurassic World dans son ensemble.
Et maintenant ?
Le mois prochain, sort la saison 5 de Camp Cretaceous. La saison 4 ayant été une pantalonnade totale, je n’en attends rien. D’ailleurs, je n’attends plus rien de la saga et je me veux bien me contenter de la trilogie originale et de mes réécritures.
Hollywood ferait bien de se remettre en question car son effondrement qualitatif est déjà bien amorcé. Sinon, je crains de devoir paraphraser Caton l’Ancien : Hollywood delenda est