Mank
6.3
Mank

Film de David Fincher (2020)

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Six ans après le phénoménal Gone Girl, David Fincher revient au long-métrage mais reste sur Netflix pour un nouveau biopic qui risque fort de déconcerter. Pour son premier film tourné en noir et blanc, il se penche sur l'évocation torturée de l'écriture de Citizen Kane par le scénariste Herman J. Mankiewicz dit "Mank", alcoolique notoire, dragueur invétéré et dont la plume si subtile n'a d'égal que son bagou bien ciselé. Le film chamboule, passionne, ennuie mais aussi questionne le spectateur. Un long-métrage imparfait mais séduisant.


Structuré avec malice à base de flashbacks et flashforwards, faisant clairement écho au film d'Orson Wells, avec des indices temporels sous forme de notes scénaristiques, filmé avec un grain particulier et au son retouché en studio pour un effet vieilli, Mank joue la carte de l'audace visuelle, de l'hommage, comme l'avaient brillamment réussi Michel Hazanavicius ou encore George Clooney. Cependant, faire un film en noir et blanc est une chose, réussir une réelle révérence en est une autre, et il ne suffit pas de vieillir l'image et de finir ses scènes en fondu au noir pour paraitre vétuste.


David Fincher déroute ainsi en tournant un film ancien de manière moderne et rate pour la première fois son montage, lui qui en avait fait sa marque de fabrique : très charcuté, pas forcément lisible, il manque une certaine uniformisation dans la présentation du long-métrage, un certain dynamisme. Parfois longuet, aux dialogues bien écrits mais au rythme inégal, le scénario de Fincher Père (dans son unique travail cinématographique) témoigne d'un manque de savoir-faire évident ; n'est pas Aaron Sorkin qui veut.


Mélangeant autant anecdotes de l'univers hollywoodien de l'époque, les affres de la Grande Dépression, la montée du communisme mais aussi les élections gouvernementales de 1934, sujettes à de nombreux coups bas non sans conséquences, Mank s'avère poli, historiquement impeccable, sans toutefois réussir à souffler, la faute aussi à un casting pas vraiment époustouflant. Si Gary Oldman est comme d'habitude habité (bien qu'un poil cabotin dans ses passages alcoolisés), Lily Collins s'avère particulièrement touchante et Charles Dance campe un W.R. Hearst plus vrai que nature, la galerie de personnages n'est pas au diapason malheureusement.


Beaucoup de défauts dans ce biopic travaillé et soigné mais une œuvre toutefois intéressante, réussie sur de nombreux points et une ode engagée à un cinéma que l'on croirait révolu. On aurait cependant préféré une plus agréable linéarité et une toute autre mise en scène de Fincher, lui qui nous avait habitués à bien plus de maîtrise aussi bien à la télé qu'au cinéma.

Créée

le 4 déc. 2020

Critique lue 220 fois

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