Garce attacks!
Après "Miquette et sa mère" que j'ai vu la semaine dernière, encore un film assez mal-aimé dans la filmographie de Clouzot, qui choisit d'adapter à l'époque contemporaine le fameux roman de l'Abbé...
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le 12 avr. 2021
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"Les liaisons amoureuses : c'est très simple : on se veut et on s'enlace, puis on se lasse et on s'en veut"
Pour le scnénario, je me demande ce qui peut bien rester du roman de l’Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut de l'abbé Prévost dont s'est inspiré Clouzot pour réaliser ce récit...
Tout comme j'ai longtemps hésité à le noter, tant certains moments de ce "flash-back" quasi-intégral m'ont semblé superbes, tantôt grand guignolesques !
Comme cette fin tragico-burlesque absurde qui n'en finit pas de s'éterniser ! Sauf erreur de ma part, c'est bien la première fois que je vois la même personne fermant deux fois les yeux du même macchabée. Alors miracle entretemps ?
Un film de Clouzot (1907/ 1977) laisse rarement insensible mais il est ici en plein apprentissage de son métier et en gravite maladroitement les marches. C'est le second de ses ses 9 longs métrages et ça sent encore le décousu.
Par contre on découvre un de ses fils rouges : les amants diaboliques dont il aime traiter le sujet... Et ici avec la comédienne dont il avait probablement rêvé, et qu'ill a révélée au public...
Car d'emblée, (1928-2010) l'héroïne, Cécile Aubry, crève l'écran ! A 21 ans la jolie blonde tourne ici son second film et c'est une révélation : elle est à mi-chemin entre Simone Signoret et Sylvia Monfort.
Elle joue avec une ingénuité et un réalisme admirable le rôle d'une collaboratrice horizontale : à la libération, elle échapppe de justesse au traitement réservé aux femmes coupables d'avoir cédé sexuelllement à la" pression" (c'est voulu) de l'ennemi. Repentante, mais fautive.
Mais comme disait Arletty, "Je suis française mais mon cul, lui, est internationa!. Et si elle tombe amoureuse du militaire qui va la sauver de la "correction" des femmes vengeresses, le pauvre aura protégé une vipère en son sein : elle ne va penser qu'à coucher pour détrousser ses amants afin de vivre dans l'opulence...
Ce couple semble maudit : ce qu'aime et intéresse Clouzot...
Amusant : rôle de composition pour la jolie Cécile : lors d'un tournage, elle tombera réellement amoureuse du fils du pacha de Marrakech...dont elle aura un enfant, qui ne connaîtra pourtant jamais son père... La vie a de ces prémonitions... Malgré un contrat prometteur avec la 20th Century Fox, Cécile abandonnera ses rêves d'actrice pour se concentrer à l'éducation de son fils. On lui devra par la suite et entre autres la série télévisée "Belle et Sébastien", succès télévisé riche de 39 épisodes dont les plus anciens se souviennent sûrement.... Décédée en 2010, la dispariton de l'ex-actrice se fera dans l'indifférence générale et l'oubli.
Amusant aussi : de nombreux comédiens font dans ce film des débuts prometteurs : le casting est une réussite absolue, encore que Michel Auclair n'a aucune prédisposition à jouer des rôles dramatiques. Une vraie fausse note : ses déclamations, de nos jours, et faussement théâtrales donnent envie de se marrer.
A contrario, si les décors sont superbes, les trucages sont primitifs, ratés mais intéressants : les voitures conduisaient déjà toutes seules, bien que leurs chauffeurs s'acharnassent à en secouer les branches du volant dans tous les sens ...
Ce qui n'a pas de sens par essence !
Sans parler des végétaux ensablés consternants d'un désert jonché de squelettes dont je me demande où ça a bien pu être tourné. Mais aucun survivant à l'équipe de ce film ne pourra me répondre...
Clouzot avait gagné le jackpot : Si "Jeanne d'Arc" triomphait en 1949 au box-office français, Clouzot occupait une bien enviable place avec 3 412 167 spectateurs dans nos salles hexagonales...
Et il s'en trouvera pour dire que le crime ne paie pas !
De là à considérer le réalisateur comme un Hitchcock français, je ne franchirai pas le pas...
France 3 le 27.11.2021
Créée
le 30 nov. 2021
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