Voix de garage

Xavier Giannoli ne se sent plus, il vient de signer chez Fidélité (une TRÈS GROSSE boite de prod française), il a scénario qu'il aime, des ambitions pleins les poches, il veut faire sa Môme, son Eyes Wide Shut. Il est chaud, bouillant même. Il filme comme si chaque plan, chaque mise en scène doit être iconique, splendide, sémantique, transcendant. Il peaufine, il cherche. On le sent bien, voici un auteur qui veut faire un grand film, un film à César, un film qui reste, un film qui rassemble. Puis il le rate.

Que l'on s'entende bien, cet échec, c'est mon opinion.
Pour moi, le cinéma n'est pas affaire que de beaux plans, de mises en scène fortes ou encore de séquence bien filmé. Ce qu'il manque à ce film, c'est du fond, de la subtilité et de l'humilité. D'un côté, j'ai l'impression que ce long-métrage est à l'image de cette femme: immensément fortuné, avec une ambition titanesque et toute la bonne volonté du monde. Cependant, elle chante mal et personne ne lui dit, la laissant dans son monde d'illusion. Ici, le film se développe sur des scories, trop de personnages, trop de fadaises et j'en passe. 2h07 beaucoup trop longue pour un film qui n'aurait pas dût dépasser 1h20 avec un tel scénario.
Ce n'est pas tant le montage ou la façon de filmer qui est longue, c'est surtout que le film s'éparpille, volatile, sur trop d'élément inutiles. Voulant renforcer le contexte historique, l'environnement et (je pense) la maigre richesse du scénario, on en vient à s'ennuyer, à se demander où l'on va et pourquoi. On se retrouve dans la même situation que les spectateurs du cercle Amadeus: on assiste à l’interprétation complétement foireuse de ce qui devrait être beau et intéressant.

Et pourtant, avec une idée pareille, des personnages pareils, on devrait avoir un film touchant, sensible et poserait de réel questions existentielles: doit-on dire à cette femme qu'elle chante aussi mal, elle qui ne vit que pour ça ? Mais non. On écoute Catherine Frot chanter mal (pendant trop longtemps et trop de fois. C'EST BON ON A COMPRIS QU'ELLE CHANTE MAL NOM DE NOM !) et le film se ramasser, se détourner de ses bonnes idées...
Ce manque de justesse, de finesse, dans le scénario détruit la moitié du film qui se retrouve donc amputé de ses talents. Parce que oui, l'écriture des personnages principaux est bonne, mais les véritables enjeux ne commencent qu'au bout d'une heure de film !
Je ne parlerais pas de la fin du film qui est d'ailleurs en total opposé de la réalité historique de la vie de Florence Foster Jenkins, bien plus intéressante à mon avis.

Enfin bref, c'est attristant de voir tant de bonnes volontés, de bonnes idées, dégringoler le long de détours scénaristiques tous plus inutiles les uns que les autres... On ne pourra que conseiller à l'auteur de se faire aider pour le scénario afin d'épurer un peu ses prochaines productions, car il a un réel potentiel, un œil intéressant et une sensibilité certaine. Il faudrait simplement gagner en humilité et en justesse.