Alors que l'on observait une nette tendance à la standardisation graphique et narrative chez certains auteurs à succès issus d'internet, nous pouvons enfin souffler: ça bouge ! Pénélope Bagieu faisait partie de ce "courant" de d'illustration très flat (si vous me permettez l'expression), en vogue dans les années 2000's. Il faut dire, qu'elle est dans le moule originel qui a vu depuis de nombreux nouveaux auteurs émerger sur la toile. Je dois avouer, qu'avec ses dernières BDs, je m'étais un peu lassé de cette atmosphère. De plus, ses créations solos manquaient à mon sens de profondeur scénaristique et souffraient d'une mise en page un peu trop traditionnelle.
Mais, ça c'était avant.
Avec California Dreamin', Bagieu attaque là où on ne s'attend pas ! Bim un noir et blanc ! Bam du crayon de papier ! Clac une narration à multiple points de vue ! Vlan une mise en page en harmonie avec le propos !
Pénélope nous embarque donc dans la vie passionnante d'une icone, celle de Mama Cass Eliott, figure des Mamas & the Papas. Avec ses proches, on côtoie Ellen Cohen (de son véritable nom) dans des années cruciales de l'histoire de la musique contemporaine et dans des expériences de vie dépaysantes.
Comme je le racontais un peu plus haut, Pénélope Bagieu rompt violemment l'aspect figé et lisse que je pouvais lui "reprocher" en plongeant son trait au cœur des événements, au plus près des personnages, presque comme un film de Scorsese. Selon moi, vous tenez la meilleure BD de l'auteur en cavalier seul. Bien écrit, dépassant le simple fait d'illustrer une histoire, California Dreamin' est une réussite tant sur le rythme que sur l'atmosphère. Ce mélange entre sobriété et précision vous fera regretter que cette chouette bande-dessinée ne continue pas plus loin dans l'histoire d'Ellen Cohen malgré ses 272 pages.
Bref, c'est vraiment une surprise délicieusement rafraichissante, foncez. Mais, je ne peux que vous conseiller de mettre un intégral des Mamas & the Papas en fond sonore, c'est parfait.