Faust dans le Paris des années folles
Après Murnau, c'est au tour de Claude Autant-Lara de retranscrire le mythe de Faust datant du XVIème siècle sur grand écran. Il nous emmène dans le Paris des années 1920 suivre le docteur Faust qui, sortant d'un opéra, fait la rencontre d'une personne énigmatique qui va bientôt lui proposer un pacte...
C'est à bien des égards que cette adaptation des contes de Faust créé par Goethe est remarquable. Déjà, elle brille par sa manière de nous transporter dans le Paris des années folles, un Paris idéalisé mais magnifique qu'il met très bien en valeur. Le début de film est excellent où il braque la caméra sur ce vieux docteur Faust qui regrette sa jeunesse et constate le temps qui passe...
Mais.... car oui, il y a malheureusement un "mais". Dès lors le pacte scellé entre Faust et Méphisto, le film pêche par quelques défauts à commencer par l'évolution du personnage de Faust qui devient vite énervant et antipathique et surtout elle est trop rapide ainsi que guère convaincante (notamment sa relation avec Marguerite) et Claude Autant-Lara peine à vraiment la développer et à en faire ressortir l'émotion. De plus, il bénéficie d'un jeu d'acteur fort défaillant. Si Yves Montand est remarquable en diable, charismatique, manipulateur et malin à souhait, Jean-François Calvé souffre terriblement de la comparaison et s'avère mal dirigé. Pas aidé par l'évolution de son personnage, il n'a ni le talent, ni le charisme pour interpréter Faust. Sa partenaire Michèle Morgan, à défaut d'être transcendante, s'en sort un peu mieux.
C'est d'autant plus dommage qu'à côté de cela, "Marguerite de la nuit" retranscrit bien les enjeux et dilemmes des personnages, d'un vieux Faust voulant retrouver sa jeunesse par amour à une Marguerite prête à tout pour aider Faust. Il donne une dimension mélancolique et tragique à l'oeuvre, autour de l'amour, la nature humaine et le temps. De plus, il use à merveille des différents décors et d'un jeu de lumières saisissant pour nous transporter dans un Paris des années folles colorées et agréables.
Bref, déçu et charmé à la fois, une oeuvre qui me laisse un sentiment bizarre tant son début est excellent où on est transporté dans le Paris des années folles avec un Yves Montand génial en diable mais une évolution du personnage de Faust décevante et mal interprétée...