"Marguerite de la nuit" est un film que j'ai découvert il y a peu de temps dans l'excellente collection Gaumont qui donne l'occasion de réexhumer des films oubliés ou passés de mode.
Quand j'ai vu qu'il s'agissait d'une variation sur le mythe de Faust, réalisé par Claude Autant-Lara qui est un réalisateur que j'aime plutôt bien, mon sang n'a fait qu'un tour : il me fallait voir ça.
Là, le scénario est tiré d'un roman de Pierre MacOrlan (je ne connais pas) et l'action se déroule dans les années folles (Charleston, Jazz New Orleans, etc ...) ; le film commence très fort par la dernière scène de l'opéra de Gounod auquel assiste un vieux monsieur (Pierre Palau), enthousiasmé par le spectacle, qui va féliciter les acteurs dans leur loge et leur apprendre qu'il est un lointain descendant du professeur Faust qui au Moyen Age vendit son âme au Diable.
Méphistophélès (Yves Montand), en embuscade, tombe sur notre charmant vieux qui l'entraîne ou l'attire vers son cabaret, lieu, comme tout le monde sait, de toutes les tentations. D'autant que l'apparition de Marguerite qui est chanteuse (avec une très belle voix envoûtante) et entraineuse le met dans tous ses états. Et l'histoire qui est arrivée à l'ancêtre de Faust va évidemment se renouveler.
Bien carré dans mon fauteuil, je me dis : "tout va bien, me voici en pays de connaissance"...
Mais malheureusement ça ne dure pas. Et chez moi, quand un truc ne va pas, je me mets à détricoter. Et apparaissent des défauts ou des détails que je n'aurais probablement pas vus ou que j'aurais probablement admis si tout s'était déroulé sur la même lancée.
Le premier point : c'est Faust jeune qui ne va pas du tout. Le charmant vieux Monsieur se transforme en un jeune homme survolté, insupportable alors que tout lui sourit. Même s'il se rend compte qu'il a signé un marché de dupes. Au moins, dans un premier temps, il devrait être heureux. Ensuite que ça se gâte pourquoi pas. Mais c'est ensuite...
En plus, l'acteur, Jean-François Calvé, joue très mal.
Le deuxième point auquel je n'aurais peut-être pas fait attention si je n'avais pas remâché ma rancœur, c'est Michèle Morgan. Autant elle a l'âge du rôle quand Faust est vieux (encore heureux), autant elle n'a plus l'âge du rôle quand Faust est devenu jeune. Pire même, comme le personnage de Marguerite est entraineuse et qu'elle voit passer des clients à la pelle, elle ne souvient pratiquement plus du vieux Faust. Le coup de foudre tombe sur les deux personnages et vraiment, j'ai eu du mal à m'en convaincre.
Le troisième point, ce sont les décors dont, en définitive, je n'ai pas vraiment compris l'intérêt ou le message. Il n'y aucun décor extérieur réel. Ce sont des décors stylisés qu'on verrait bien sur une scène de théâtre. Ils donnent un aspect féérique ou surnaturel mais aussi faussement intellectuel. D'autant que les bruitages de la rue, eux sont bien réels.
Le quatrième point, c'est le frère de Marguerite qui est un prêtre dont on ne sait pas bien à quoi il sert dans le film. Face au Diable, jette-t-il l'éponge ?
C'est un film d'Autant-Lara à oublier. Je ne sais pas quel a été son succès à sa sortie en 1956 mais aujourd'hui je pense qu'il a du mal à passer. Ou il m'a manqué quelques clés pour comprendre ou il faut conclure que le film a un peu été bâclé ou mal maîtrisé. Je préfère penser qu'il m'a sûrement manqué les clés pour comprendre cette version alors que j'avais été transporté par le film "la beauté du Diable" de René Clair réalisé quelques années auparavant en 1950.