D’abord il y a eu Jackie. Et puis il y a eu Diana. Et aujourd’hui, pour clore cette trilogie sur ces femmes emblématiques, iconiques même, du siècle passé, mais peut-être y’en aura-t-il d’autre à l’avenir, il y a Maria. La Callas, en personne. Si Jackie faisait face à l’Histoire (et surtout à l’assassinat de son mari) et Diana à ses propres choix (son divorce avec Charles et sa rupture avec la famille royale), Maria, elle, fait face à la mort qui vient. Recluse dans son vaste appartement parisien du 36 avenue Georges-Mandel, murer dans sa solitude, ne parvenant plus à chanter, dépendante aux médicaments et à moitié délirante, La Callas est une diva qui, lentement, s’éteint.
Pablo Larraín et son scénariste Steven Knight, déjà à l’œuvre sur Spencer, se sont concentrés sur la dernière semaine avant la mort de La Callas, explorant les fragments de son âme hantée par les souvenirs (de ses récitals, d’Onassis, de son adolescence, de sa gloire…) et les hallucinations quotidiennes, dont un jeune journaliste s’appelant Mandrax, du nom de cet hypnotique que prenait La Callas, qui recueille ses confidences et la suit presque partout où elle va avec son cameraman. Entourée de son majordome et de sa cuisinière, La Callas tente de rester elle-même, élégante, mondaine, d’une grâce folle, se rendant même à des répétitions avec son pianiste dont elle sait pourtant qu’elles ne sauront lui faire retrouver sa voix d’antan, mais entrevoit peu à peu les prodromes de son crépuscule.
À l’instar de Jackie et de Spencer, on est loin ici du biopic factuel et conventionnel (avec une Angelina Jolie que l’on sent comme engoncée dans l’incarnation du mythe), Larraín préférant observer, à un moment particulier de leur vie, la psyché de femmes dont l’existence faillit tout à coup. Mais Maria cultive les mêmes défauts que ses deux prédécesseurs, à savoir ce quelque chose d’ankylosé dans sa description funèbre (à l’image de l’appartement de La Callas où tout paraît figé dans le temps et dans sa somptuosité) et cette façon trop ordinaire, trop prévisible, d’entremêler les différentes strates narratives, quand il eût fallu plus de lyrisme, plus de singularité et d’émotions dans ce tourbillon de flashs mémoriels et d’éclats d’un réel conscient soudain de sa finitude.
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