Troisième exploration par Pablo Larrain de femmes célèbres après Jackie et Spencer, incarnées par de célèbres actrices. Troisième portrait de la névrose d'une femme, enfermée comme Lady D dans l'image que la société et ses hommes, veulent d'elle. Une femme complexe: victime mais forte, peu sûre d'elle mais diva égocentrique, possédée mais indépendante.
Quand on ressent lors de flashbacks la force extraordinaire de sa voix de jeunesse, facile de comprendre la difficulté qu'est pour elle le vieillissement et l'acceptation de la réalité. Contrairement à Spencer, où il était difficile de compatir avec la névrose de cette gâtée jouée par une gâtée d'Hollywood, la force de la nature qu'est Angelina dans Maria nous lui fait pardonner tous ses excès, tous ses caprices de nantie. Elle a vissi d'arte, vécu d'art. Avec la mort de ce dernier, elle aussi ne peut que mourir.
Le récit décousu fonctionne à merveille pour dresser ce portrait d'une personnalité décousue, les flashbacks et interviews imaginaires explorant sans trop en dire et sans n'en pas dire assez, comment cette femme a pu en arriver là, à être qui elle fut dans l'ultime période de sa vie. Malheureusement le tout accuse des longueurs que la vigueur des scènes - trop rares - d'opéra n'arrive pas à complètement effacer.
Et comment ne pas aimer un film qui se termine sur An Ending: Ascent de Brian Eno, contrepoint parfait aux excès si beaux des airs d'opéra? C'est le point final sans mots de la tragédie de cette vie consacrée à la beauté, après le point final avec mots qu'est l'air de Puccini Vissi d'arte:
J'ai vécu d'art, j'ai vécu d'amour, [...]
En ce temps de douleur pourquoi, pourquoi, Seigneur,
pourquoi m'en récompenses-tu ainsi ?
J'ai offert [...] mon chant aux étoiles, au ciel,
qui en resplendissaient, encore plus beaux.
En ce temps de douleur
pourquoi, pourquoi, Seigneur,
ah, pourquoi m'en récompenses-tu ainsi ?