Bien que je ne sois pas une grande amatrice de musique classique, je connaissais le talent incontestable de cette grande dame qu’était Maria Callas, de sa voix exceptionnelle, mais ce que j’en savais s’arrêtait là, si ce n’est sa grande histoire d’amour avec le célèbre Aristote Onassis, alors ce fut une découverte totale et je dois dire qu’apprendre son parcours fut terriblement éprouvant. Parce que généralement, on ne se doute jamais de ce qui se cache derrière une personnalité connue, nous n’en avons que l’image de son apparence, nous ne savons ce qui l’a amené ici, ce qui l’a forgé, son passé, ses souffrances et bien que nous suivions ici la dernière semaine de vie de Maria Callas, nous allons partir à la rencontre de son histoire, au fil de retours en arrière pour le moins percutants. Et croyez-moi, rien n’aurait pu nous préparer à ce qu’elle a vécu, aux épreuves qu’elle a dû traverser dès son plus jeune âge, notamment durant la Seconde Guerre Mondiale, à partir d’un tel traumatisme, on se doute que se construire normalement devient tout simplement impossible, les séquelles ne peuvent s’oublier, ce n’est tout simplement pas une option et on comprend alors pourquoi son esprit lui a joué des tours, devenant son pire ennemie, grignoter peu à peu par des souvenirs ravageurs. S’enfermer dans ce dédale de souvenirs, mais également dans une surconsommation importante de médicaments est le cocktail qui a malheureusement dicté ses derniers instants, elle n’a pas pu aller au-delà, n’a pas su comment faire fi de tant de souffrances et sa douleur a lentement ravagé son esprit, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus chanter, ou même vivre, tout simplement. La réalisation de Pablo Larraín est assez sublime, sa véritable force, c’est de s’être focalisé sur une très courte période, une période de confusion, dans laquelle nous plongerons nous-mêmes d’ailleurs, ne sachant jamais vraiment si ce que nous voyons est réel ou s’il s’agit d’une des nombreuses hallucinations de l’artiste, un flou véritablement artistique. Visuellement, c’est une reconstitution merveilleuse, les looks, les rues de Paris, c’est une atmosphère à part entière, qui participe pleinement à notre immersion, on se perd agréablement au gré des déambulations, tant physiques, que psychologiques, se laissant porter par l’instant présent. En ce qui concerne le scénario, c’est à mon sens, là où il parvient à nous surprendre, sur un laps de temps très court, il n’a pas choisi la voie classique du biopic, parce qu’il est finalement impossible de retranscrire une vie entière, il a choisi de mettre en scène les derniers instants de la chanteuse, sûrement pas sa période la plus heureuse, pourtant, c’est absolument passionnant. Bien que nous puissions être déstabilisés par ce choix, ou par ce début presque brutal, on comprend très vite les mécanismes mis en place, les retours en arrière essentiels pour comprendre la chute tragique de cette femme, comprendre ses failles, ses blessures profondes, ses amours complexes, toxiques presque et la musique, ce talent inné, synonyme, à la fois de souffrances innommables, autant que de liberté profonde, c’est un mélange bouleversant d’émotions. Quant au casting, il est tout simplement parfait, Angelina Jolie tient évidemment le film sur son interprétation magistrale, mais le duo Pierfrancesco Favino/Alba Rohrwacher est bien présent, soutien infaillible particulier touchant.
En bref : Un biopic qui n’aura pas choisi la facilité en commençant par la fin, en se concentrant sur la dernière semaine de vie de Maria Callas, pourtant, c’est une décision d’une rare intelligence, parce qu’elle nous permet de remonter le fil du temps, de tout comprendre, de mettre en scène ce destin profondément dramatique, au passé fait de traumatismes, qui ont eu un impact conséquent, rongeant peu à peu le fragile équilibre qu’elle avait pu trouver, pour ne laisser que la douleur et le chagrin !
Avis complet sur le blog : https://vampiloufaitsoncinma.com/2025/04/17/maria/