La bande-annonce m'avait intrigué tant elle mettait en avant le(s) bâtiment(s) de l'école qui semblaient, eux-mêmes, faire partie de l'intrigue, en devenir peut-être un des personnages principaux. Et l'idée m'a transporté. Avoir cette étrange bâtisse, sans âge, où classicisme et ultra-modernité se côtoyaient sans se heurter, comme toile de fond d'un film sur la naissance d'une envie pour l'art, me paraissait brillant. Une matrice d'un art naissant, autant pour les élèves que pour le personnage principal. Maria rêve n'est malheureusement pas tout à fait ça.
Réalisation de Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller, ayant déjà créé le court Pile poil figurant déjà Gregory Gadebois, on y suit l'histoire de Maria (Karin Viard). Femme de ménage trouvant du job dans une école de beaux-arts, elle va s'ouvrir au monde parfois bizarre de l'art et ouvrir son cœur à Hubert (Gregory Gadebois).
Et dans la première partie, l'histoire s'efface face au bâtiment. Face aux œuvres. On découvre les installations d'art contemporain, comme ces néons dessinant différents mots ou phrases tandis que Maria nettoie le sol devant lui. La salle des plâtres. Des installations sonores, visuelles, informatiques. Le spectateur, comme Maria, se perd dans les dédales de couloirs. Dans l'ambiance feutrée de ces salles et ces interminables boyaux où la création artistique se cristallise. Et c'est un plaisir de spectateur que de suivre cette femme de ménage, de se laisser surprendre par la nouvelle œuvre, par la nouvelle installation qu'elle va croiser.
Malheureusement, la comédie romantique prend peu à peu le pas. La narration s'impose face à la sensorialité. Et c'est là que les deux réalisateurs perdent leur film. Les personnages sont ultra caricaturaux (Noée Abita en étudiante ultra ouverte polyamoureuse, Viard en plouc à balai naïve et maladroite, Gadebois en concierge bourru mais sensible), l'histoire vue et revue, les relations interpersonnages effleurées. Le film n'a plus de propos. Ne montre plus rien. Se perd. Devient longuet.
Bref, une déception qui mérite la moyenne, mais qui reste un mouais. Une déception car on sent les bonnes idées toujours alourdies puis effacées par l'obligation de suivre un scénario.
A quand un bon film sur l'art contemporain, qui cède pas comme ici ou comme chez Dan Gilroy et son Velvet Buzzsaw à leurs scénarios, ou à une critique (presque) vaine comme chez Östlund (The Square) ? Un film qui nous emporte et nous fasse sentir l'art...