Ce film est un chef d'œuvre : un couple d'acteurs magnifiques, dans leurs jeux et leurs beautés, une mise en scène qui sert magnifiquement le scénario, les enjeux de l'histoire, et la description en arrière-plan de l'Italie.
L'alternance entre les moments de comédie pure, ceux où l'humour est très vache, ceux d'émotions, ceux qui sont tendus, est remarquable.
Mastroianni incarne avec beaucoup de naturel cet homme d'un cynisme absolu, et Loren est bouleversante. C'est un rôle en or pour une actrice, car il permet de jouer sur beaucoup de registres et Loren écrabouille tout ! En amoureuse éperdue, en femme tour à tour, naïve, pleine d'espoir, déçue, aigrie, résignée, on y croit. En tous cas, j'ai vibré et j'ai souffert avec elle.
Pour ce qui est de ce qui est montré, j'ai aimé la subtilité de de Sica qui joue avec ses décors et ses personnages (ah ces plans coquins sur la plastique de Sofia :-P), et qui utilise brillamment deux flash-black qui changent totalement la tournure de l'histoire.
Un dernier mot sur ce qui constitue le contexte social de l'histoire : je ne sais si l'Italie a beaucoup évolué sur ces questions de société que sont le sexe hors mariage, la prostitution, l'avortement, les mères celibataires, la religion, mais ce film me semble universel et actuel car comme le dit Sofia dans une très belle scène vers la fin du film, il y a de beaux gratte-ciel à New-York où se déroulent les mêmes vieux drames. Bon ce n'est pas exactement ce qu'elle dit, mais ce n'en est pas loin.
Tout ça pour dire que les contradictions originelles entre la nécessité de l'expression de la sexualité, les codes rigides de la société et des religions, et cet élément perturbateur qu'est l'amour seront pour longtemps encore à l'origine d'histoires dramatiques, pour le bonheur de l'art fictionnel et pour le malheur des êtres humains dans la vraie vie.