Réhabilitation manquée

Sofia Coppola semble vouloir réhabiliter l'Autrichienne, et on ne peut pas lui enlever le mérite d'avoir dépoussiéré un peu le personnage.

Les cadrages, la photo, les décors, les couleurs et les costumes donnent des images superbes. On en mangerait! Le film est intéressant, original dans la mise en scène et dans le traitement de l'histoire. Mais il faut avouer qu'on s'ennuie un peu. La musique rock/new age est un très bon choix car elle donne du punch à ce film parfois mal rythmé et qui traîne la savate, mais ça ne suffit pas. Il ne manque pas seulement de tempo, mais aussi d'émotions, ce qui donne un film assez figé. Est-ce un parallèle avec la nature spectatrice de Marie-Antoinette ? Peut-être, mais le personnage aurait mérité que l'on creuse plus, qu'on insiste sur son possible mal-être, sur sa résignation. Le reine m'a parue tout au plus agacée, soumise, mélancolique, mais le portrait manque d'intensité.

La réalisatrice exploite l'angle de vue de la reine, et semble prendre son parti en justifiant, ou tout du moins en illustrant avec complaisance, son épicurisme et sa nonchalance. Je le respecte, mais ça ne prend pas car ce n'est pas assez creusé. Je peux pas juger, et je trouve que le Tribunal révolutionnaire a effectivement eu la main lourde, mais on ne peut pas en vouloir aux opposants de la monarchie d'avoir voulu dégommer ces monarques égoïstes et ancrés dans le passé. Bien sûr, comme le reste de la royauté, Marie-Antoinette vivait en vase clos, mais le film nillustre pas très bien cet aspect. On ne sent pas l'ennemi gronder, et c'est ce qui aurait pu faire toute la force du film.

L'oeuvre reste néanmoins agréable à regarder, avec une Kirsten Dunst délicieuse et très à l'aise dans son rôle. Un plaisir plus esthétique qu'historique au final.