Marie-Antoinette par Charles Dubois

Pour son troisième film, après deux immenses succès, Sofia Coppola filme la cour royale française et ses rituels orchestrés comme un défilé de mode, et Versailles comme une collocation étudiante. Son film à costume est un objet pop ultra coloré, à la bande son rock et dream pop et à la mise en scène anachronique résolument originale, parfois même superbe dans les tableaux de foule qu'elle peint.

Ce dispositif unique en son genre et résolument original n'empêche malheureusement pas à Marie-Antoinette de se révéler progressivement d'un ennui mortel, imposant à ses spectateurs la monotonie et la rigueur monastique du mode de vie qu'on impose aux personnages (la première heure est en cela terriblement laborieuse et répétitive). Avec pour seuls dialogues des minauderies inconséquentes et des ragots insupportables, on comprend vite que ce film n'a pour lui que l'audace de son parti-pris esthétique ; Sofia Coppola a indéniablement de très bons goûts musicaux, mais l'accumulation ad nauseam de chansons forme un medley tout bonnement indigeste, qui parvient à gâcher de superbes morceaux (quel triste sort réservé au Plainsong de The Cure ...)

Il y avait pourtant la légèreté de l'attachant couple Dunst-Schwartzmann (et notamment ce dernier dont le regard apeuré et candide font la tendresse de son rôle), et quelques envolées adolescentes touchantes (la fête d'intronisation qui vire à la beuverie et à l'errance alcoolisée au soleil levant), qui auraient pu faire de ce Marie-Antoinette ce qu'il ne parvient jamais à être : un récit sur une adolescence blessée et empêchée, naïf, fugace et délicieux.
Mais le film a au moins le mérite de prouver que Coppola a suffisamment de talent pour creuser son sillon et explorer encore et toujours son sujet d'une vie (l'adolescence et ses errances, l'impossibilité d'être pleinement adulte) en faisant mine de faire tout autre chose.