Avec Marie Curie, c’est le parcours d’une pionnière qu’a voulu montrer la réalisatrice Marie Noëlle. Celui d’une femme qui a atteint les sommets de la reconnaissance de son milieu, réservé alors à la gent masculine, qui ne l’a pas épargné au fil des années. Une des premières scènes montre Marie Curie (Karolina Gruszka), tube à essais en main travaillant dans son atelier avec son mari Pierre Curie (Charles Berling), puis se tenant son ventre arrondi par la grossesse.
Plus que la chimiste, c’est la femme, la mère de famille qui est décrite par Marie Noëlle. Ne vous attendez donc pas à connaître le développement de ses recherches et l’origine de ses découvertes sur le radium et le polonium. En revanche, le film de Marie Noëlle livre un regard étonnamment contemporain sur ce personnage, moderne et victime du sexisme de sa société et du milieu dans lequel il évolue. De son refus à l’Académie des Sciences qui lui préfère Edouard Branly, mettant en doute son implication dans ses travaux communs avec son époux, de la curiosité malsaine de ses semblables lorsqu’elle livre son premier cours à la Sorbonne. Surtout, du scandale qui nait après sa liaison avec le physicien Paul Langevin, marié de son état.
On regrette seulement que le portrait de cette femme au parcours d’exception, modèle féministe avant l’heure et qui avait l’avantage d’avoir été peu exploité auparavant au cinéma, soit si austère formellement. Aucune prise de risque à signaler dans ce biopic qui ne sort pas du cadre. Aussi, au-delà des longueurs qui émaillent certaine scène, le Marie Curie de Marie Noëlle tombe également dans la facilité et le manque de finesse (notamment sur la relation de la mère avec sa fille, Irène, qui marche littéralement dans les pas de sa mère…). Dommage, tant le sujet était passionnant.