Ni Victime, ni bourreau, ou plutôt, tous victimes, mais pas de coupable, si ce n'est peut être l'amour.
Le scénario est simple: une femme aime 2 hommes, son mari et son amant et ne peut choisir entre eux.
La grande réussite de ce film est que le réalisateur prend le temps de nous montrer cette amour, avec son mari (scènes de la vie quotidienne, quand ils font l'amour sur le bateau...) et avec son amant (au lit évidemment mais pas seulement, on sent réellement la complicité entre eux notamment dans leurs échanges).
Guédiguian rend cette histoire crédible par cela, et ne juge jamais ces personnages, ni la femme incapable de choisir, ni les deux hommes, mari trompé mais qui est montré avec une certaine dignité malgré sa peine et l'amant, qui souffre autant qu'il aime.
Le mot est aujourd'hui galvaudé, mais il filme ces personnages avec bienveillance, et cela facilite une certaine identification, au choix entre les différents personnages.
Le film se passe à Marseille comme souvent chez Guédiguian, dans un décor tangible, humain, réel; et cela nous immerge encore davantage dans l'action puisque l'on peut la situer dans l'espace et le temps, elle n'en devient que plus réel, plus vrai, plus belle, plus touchante.
J'aurais une réserve concernant la fin du film.
Cela n'est pas nécessairement raté, mais cela dénote du reste du film, tant ancré dans la réel, dans la vie la vrai, dans les sentiments humains.
La mort (accidentelle ?) du couple nous sort un peu du mélodrame pour rentrer dans la tragédie grecque, où la fatalité fait son oeuvre; et cela ressemble à une facilité scénaristique regrettable et en même difficilement évitable; tant il paraissait complexe de finir ce film sans le trahir, toute décision définitive prise par l'un des personnes aurait semblé allait contre ce film sur l'incapacité de choisir, entre deux être aimé.
Guédiguian doit se contenter de cela, de parler d'amour, de sentiments humains, sans y rajouter la lourdeur de ces messages socio politiques, comme dans l'un de ses films postérieurs tel que Les neiges du Kilimandjaro, qui malgré d'évidentes qualités, souffrait terriblement de la lourdeur et de l'insistance de son propos, très, trop engagé au point d'en rendre les personnages et leurs actions/réactions absolument pas crédible, pas même sauvé par l'excellente interprétation des acteurs fétiches du réalisateur.