L'histoire triste de Marie illustre une légende hongroise d'origine religieuse où il est conseillé aux jeunes filles de préserver leur vertu. Ce que n'a pas su faire, un beau soir de printemps, la domestique Marie, qui est renvoyée.
Ce sujet de mélodrame est bien convenu et ne doit sa singularité qu'à la mise en scène poétique de Paul Fejos qui manie l'ellipse et la métaphore avec une candeur parfois touchante. Plus sonore et musical que parlant (quelques exclamations ou phrases clairsemés tiennent lieu de dialogues), le film de Fejos adopte intentionnellement les règles du cinéma muet, et on pense parfois, au regard de la direction d'acteurs et de quelques plans insolites, au style de René Clair.
Dans un pays hostile aux "filles perdues, le désespoir de Marie, nous émeut progressivement grâce sans doute à la simplicité et à la concision du récit. L'ignominie de l'amant de passage, la générosité chaleureuse des pensionnaires de la maison close où Marie trouve refuge provisoirement, le moralisme tyrannique de la société sont évoqués très simplement, avec une amertume certaine, par Fejos, lequel semble toutefois accueillir favorablement la morale vertueuse et imagée de la légende, alors que la collectivité apparait plus fautive que l'héroïne.