En quoi un énième film sur la vie de Jésus peut être intéressant?
La réponse est dans le titre du long-métrage: l’œuvre est censée être centrée sur Marie Madeleine afin de la réhabiliter en tant qu'apôtre des apôtres, comme ce fut le cas au sein de l'église catholique en 2016. Il s'agit donc d'un biopic lui rendant hommage.
Marie Madeleine est un portrait authentique et humaniste de l’un des personnages religieux les plus énigmatiques et incompris de l’histoire. Ce biopic biblique raconte l’histoire de Marie, une jeune femme en quête d’un nouveau chemin de vie. Soumise aux mœurs de l’époque, Marie défie les traditions de sa famille pour rejoindre un nouveau mouvement social mené par le charismatique Jésus de Nazareth.
Elle trouve rapidement sa place au cœur d’un voyage qui va les conduire à Jérusalem.
Malheureusement, il y a peu de matière à exploiter. Le scénario ne peut exister qu'au travers de ce qui est relaté dans les écrits de l'époque ayant survécu jusqu'à la nôtre.
Pour cause, le nouveau testament est focalisé sur Jésus et non sur la pleureuse, ce qui laisse une gigantesque part d'ombre que le réalisateur n'a pas souhaité combler. La démarche est noble et le contraire aurait été décrié à coup sûr. Cependant, une astuce aurait été nécessaire pour justifier les saccades temporelles qu'on retrouve également dans la Bible, qui elle, a le mérite de séparer distinctement les lieux et actions dans les différents textes qui s'y enchainent pour les raisons que nous connaissons.
Difficile de s'y retrouver lorsqu'on passe en quelques secondes de Magdala à Jérusalem. L'impasse est faite sur les scènes au cours desquelles Marie Madeleine est absente et on enchaine les bonds dans le temps sans réellement comprendre. Le parti-pris du réalisateur est compréhensible mais en chassant le (sur)naturel, il revient au galop. Une fois sur deux, il ne peut s’empêcher de déporter son sujet sur la vie du Messie en laissant de côté la 14ème Apôtre.
Le long-métrage censé se focaliser sur Marie Madeleine s'oublie alors de temps à autre pour ne plus se tourner qu'autour de notre sauveur, et ce de manière très maladroite dans la dernière demi-heure, gâchant le peu de dynamique insufflée en début de film.
Toutes ces raisons handicapent sévèrement notre expérience qui manque cruellement de rythme: Marie Madeleine n'est pas lent mais plutôt asymétrique (pour ne pas dire bancal).
L'utilisation de la bande originale finit de nous achever par son caractère aléatoire. La musique, très peu présente, se fait très discrète dans les quelques scènes où elle apparait. On éprouve beaucoup de difficulté à comprendre la justification de son utilisation ou de son absence tant elle n'apporte rien.
Heureusement, les acteurs principaux comme secondaires sauvent le film d'une réalisation beaucoup trop fouillis.
On peut toutefois admirer les cadrages sur le Christ, la pécheresse ou l'apôtre féminine (choisissez votre camps), Pierre ou encore Judas qui nous offrent, chacun à leur manière, des prestations à couper le souffle. Pour la première fois de ma vie, je me suis émerveillé devant le fils de Dieu incarné par un Joaquin Phoenix exceptionnel! Peut-être même un peu trop au final puisque le charisme du Christ prend rapidement le dessus sur tout le reste.
Dommage, il y avait matière à faire à une époque où on cherche à réhabiliter le rôle des femmes dans l'Histoire et dans la société de manière générale. Ici, le clou du spectacle sera une fois de plus l’Ascension d'un homme avant tout!!